Mouliné par l’imaginaire surréaliste de Bertrand Mandico, le personnage symbole de l’heroïc fantasy mue dans une saga baroque et désenchantée, en guerrière tragique, damnée par l’amour.
Le Conann (oui avec deux n) de Bertrand Mandico n’est pas un remake du film avec Arnold Schwarzennegger. Ni même une relecture des romans de Robert E.Howard autour des aventures du guerrier cimmérien. Mandico remonte plus loin, que ce soit à des origines celtes ou en féminisant ce personnage icône du virilisme.
Initialement, ce n’était d’ailleurs même pas un projet de film, mais de spectacle pour le théâtre. Faute d’avoir pu se monter, Conann s’est transféré sur écran pour devenir un festin d’images fortes, autour de la descente aux enfers d’une guerrière revenant sur son passé. Mandico en fait un sabbat halluciné, entre imaginaire visuel débridé et art de la performance scénique, autour des multiples vies d’une héroïne et de sa trajectoire intérieure.
Pour incarner ce parcours, de la furie de la vengeance à la mélancolie des regrets, Conann se démultiplie, prenant non pas l’apparence d’une mais de six actrices, chacune incarnant un âge différent. À ces différentes mues, s’ajoutent celles, toutes aussi iconoclastes, d’un film se transformant à vue, invoquant différents genres, ressuscitant l’esprit de collage des surréalistes. Quoi de mieux pour porter un regard, à travers une étude de la barbarie, sur notre époque, actuel royaume de l’absurdie et du chaos ?
En salles le 29 novembre.