Rencontré lors de sa dernière tournée quelque temps avant sa disparition, le punk du Burkina Faso s’était livré sur sa route et avait confié ses messages pour l’humanité.
Depuis le samedi 25 novembre 2023, le Burkina Faso pleure la perte d’un de ses grands musiciens. Le chanteur et virtuose du dozo n’goni Baba Commandant a tiré sa révérence après une intense tournée internationale, laissant derrière lui un héritage musical qui résonnera à jamais au cœur du pays des Hommes Intègres. Quelques semaines avant son envol pour une série de concerts aux États-Unis, le punk noir du Burkina a fait escale à Lyon au Périscope. J’ai eu le privilège de partager une partie de l’après-midi en sa compagnie, plongeant dans l’univers de l’afrobeat mandingue qu’il a méticuleusement forgé au fil des années avec son groupe, the Mandingo Band.
Souriant, sa voix rauque résonnant dans la salle lyonnaise, et son regard perçant captivant, Mamadou Sanou, plus connu sous le nom de Baba Commandant, m’a emmené dans un voyage à travers ses souvenirs. Il m’a partagé ses expériences, depuis sa découverte de Fela Kuti et sa jeunesse sous Thomas Sankara, évoquant les débuts de la musique dans les rues animées de sa ville natale, Bobo Dioulasso, jusqu’à son installation vers Ouagadougou. Il a partagé les détails de ses rencontres déterminantes, comme avec Camille Louvel, un jeune DJ français installé au Burkina, et sa complicité avec un autre grand chanteur regretté du pays, Victor Démé.
Dès son premier album, enregistré aux studios Ouaga Jungle et signé par le label américain Sublime Frequencies, Baba Commandant a su captiver, envoûter et rassembler avec son propre genre de musique : un afrobeat mandingue qui emprunte aux traditions de la confrérie des chasseurs animistes dozos et à l’univers de Fela. À travers cette fusion musicale, il a chanté sur des faits sociaux et distillé de nombreux messages qu’il nous a livré dans cette ultime interview.