Des live complètements ouf, des textes mystiques sur des kicks délicieux…
« Dans le spectre » est le projet de Claire Ottaway – la voix d’Astéréotypie – d’Omega – chanteur et claviériste de Chevalier Surprise –, et de Rebeka Warrior – la grande prêtresse aux manettes et micros de Sexy Sushi, Mansfield.TYA, Kompromat. Une rencontre au festival Colis Suspect, au mois de juin. Nova y était – puisque, comme vous le savez, Nova est partout, ou presque. Déjà, ça sentait bon le punk mystique, le punk joyeux, le punk différent. Ce ne devait être qu’un projet éphémère, mais ils se sont tant aimés qu’ils sortent un EP !
« Dans le spectre »
Le festival Colis Suspect est une idée de Christophe, le musicien / éducateur spécialisé / fondateur d’Astéréotypie, justement. Le but : provoquer la rencontre d’un tas d’artistes brillant‧es et accessoirement sur le spectre de l’autisme, avec des guests, dont Rebeka Warrior, qui répète volontiers que « qu’est-ce qu’on en sait, au fond, de qui est où dans le spectre ? » C’est d’ailleurs de là que vient l’idée du titre du projet. « Je suis quelque part dans le spectre, moi aussi, on est tous les trois à des endroits différents, c’est pour ça que ça sonne bien ».
C’est ça, l’esprit de cette création savamment foutraque et qui sonne, c’est vrai, super bien. Leur but ultime est de s’amuser, avec les mots, avec les sons, avec les gens.
« C’était l’éclate, comme si on avait joué ensemble depuis 10 ans »
Le trio commence à composer, à distance, pour le live du Colis Suspect… “Je leur envoyais de la musique, ils m’envoyaient des paroles » se souvient Rebeka Warrior, « et on s’amusait, on était inarrêtables.” Le trio enflamme la Station Gare des Mines, « C’était l’éclate, comme si on avait joué ensemble depuis 10 ans”. Claire avait mis son masque de biche, Omega a fait son premier slam dans la foule, “Rebeka a l’habitude, elle m’a dit, si tu veux, vas-y ! Les gens m’ont porté, j’étais à la folie !”
Des métaphores, des blagues, de la poésie
“On a totalement cliqué artistiquement” résume Rebeka Warrior. Deux titres sur ce premier EP, qui sort sur les Warriorecords. L’un écrit par Omega, le second par Claire Ottaway.
On connaît Claire pour ses questions pertinentes dans Les Rencontres du papotin, et pour ses textes aussi profonds qu’amusants (de cet hymne à Lara Croft au très génial “Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme”). Des talents d’écriture que Rebeka Warrior admire : “Cette meuf, c’est Booba. Elle n’écrit que des punchlines.”
« Cette meuf, c’est Booba. Elle n’écrit que des punchlines »
Dans cet EP, Claire Ottaway signe “Que la biche soit en moi”, un morceau résolument mystique qui donne envie de jouer de la guitare électrique autour d’un feu de joie dans une forêt.
À la question “C’est quoi, la biche ?” Claire nous met un taquet : “C’est un animal, si vous vous y connaissez un peu”. Il est vrai, et c’est un animal qui signifie beaucoup pour l’artiste : “C’est l’idée de dire que je n’ai besoin d’aide de personne, comme la biche, comme une déesse qui protège la clairière et les bois.” Sur scène, avec son masque de biche, Claire est une chasseresse, une Lara Croft moderne.
« J’adore les prêtresses »
Claire dit que Warrior lui inspire “des légendes mythologiques. J’adore les prêtresses.” Elle aime aussi les mélopées, les pouvoirs magiques, les héroïnes, les cartes de tarot, les systèmes solaires galactiques. Elle explique volontiers que cet univers fantastique lui permet de “ne pas ]s[’occuper de la vie réelle.” Parce que “La vie réelle est parfois un peu agaçante”. Le second titre nous ramène pourtant, de façon pas du tout agaçante, à la vie réelle : ça s’appelle “Rendre la monnaie”. Il est impossible de ne pas se mettre à sautiller au premier refrain.
Derrière l’aspect punk un peu zinzin du morceau se cache le génie d’“un grand mélodiste”, souligne Rebeka Warrior. “Quand on a enregistré le morceau, il m’a envoyé 100 pistes de voix, à la tierce, à la quinte, des chœurs, des solos, des trucs lyriques à la Céline Dion… Il a une oreille quasi parfaite. Il peut se lancer dans des impros très sophistiquées, tout est toujours juste et beau. C’est vraiment un talent brut, qui mérite d’être connu.”
To be continued…
Un EP de deux morceaux, finalement, c’est un joli cadeau de Noël, mais c’est bien trop peu. Chacun, chacune hésite timidement quant à l’avenir du projet, tous trois ont envie de continuer. “Ah, mais on a un album là, il est prêt pour le live” s’exclame Warrior. Manque plus que la production. “Dans le spectre” a de l’avenir, exclusivement des bangers à l’horizon.