Au FGO Barbara, la photographe new-yorkaise expose ses photos douces et poignantes du quartier parisien.
Ici, deux parents entourés par leurs nombreux enfants, qui ne font pas tous la tête sur la photo. Là, un gosse fier comme un paon calé sur un siège, manifestement confortable, qu’il vient de trouver dans la rue. Là encore, deux générations opposées (un grand-père et un petit-fils ?) qui échangent et posent devant l’appareil de Martine Barrat, photographe new-yorkaise attirée, depuis toujours, par ceux qui sont en marge. Plus jeune dans les 70’s, elle a passé beaucoup de temps (sept années, au total…) aux côtés de membres de gangs qui avaient fait du Bronx leur lieu de résidence. Les extrêmes, elle connaît.
Initialement promise à une belle carrière de danseuse, un pied qui s’est malencontreusement cassé a changé brutalement l’axe de son existence. Peu importe. Elle sera photographe, et mettra un visage sur ceux à qui l’on ne donne pas la parole. Elle croisera la route des philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui finissent, parce qu’elle possède un certain talent pour l’affaire, par lui offrir sa première caméra. C’est comme ça que tout se lance.
Dans le Bronx, elle photographie deux gangs avec qui elle se lie d’amitié, les Roman Kings et les Ghetto Brothers. La vie l’emmène à Paris, où elle travaille, notamment, pour Libération. Elle découvre la Goutte d’or, au nord de Barbès, au hasard, et y passera beaucoup de temps. Aujourd’hui, c’est dans ce quartier qu’elle a longtemps fréquenté, et qu’elle fréquente encore lorsqu’elle est de passage à Paris, que son travail est exposé. Dans les murs du FGO Barbara d’abord, porte d’entrée vers la Goutte d’Or qui contemple le métro aérien depuis le boulevard de La Chapelle. Quelques-unes de ses photos sont visibles aussi square Léon, juste devant la rue du même Léon que Sofia Aouine raconte dans sa Rhapsodie des oublié, publiée aux Éditions de La Martinière.
Martine Barrat est sur Instagram (ici et là), et est exposée au FGO Barbara dans le cadre du festival Magic Barbès, qui se déroule jusqu’au 29 septembre du côté de Barbès. Son passage dans Pour Que Tu Rêves Encore est à réécouter en podcast.
Visuels © Martine Barrat