Jeff Mills et Bordeaux : voilà une idylle qui n’en est pas à son premier rencard. En mai dernier, pour ne remonter qu’à là, l’emblématique cofondateur du label Underground Resistance, celui qui (dixit Gonzaï, bientôt de retour sur papier) « est à la techno ce que Miles Davis est à la trompette ou Jimi Hendrix à la guitare électrique » écumait déjà les arpents et les flots girondins, dans la cale de l’IBoat.
Cette fois-ci, c’est dans un cadre un poil moins exigu, sous les hauts plafonds de l’Auditorium, que Jeff Mills fera apprécier les nouveaux développements de son projet Tomorrow Comes The Harvest. Loin du slogan « hard music from a hard city », parfois accolée à certaines productions techno de Détroit, ce projet associe dès sa création deux illustres parangons de cette sono mondiale qui nous est chère : Jeff Mills donc, mais aussi le regretté Tony Allen, légende de l’afrobeat à la frappe inimitable. Troisième pointe du triangle : le claviériste Jean-Philippe Dary, qui seconde aussi Mills dans un autre de ses side-projects : The Paradox. Concernant TCTH : depuis le décès du batteur nigérian, Mills et Dary continuent à déployer leur continuum de métamorphoses avec un autre larron de qualité. Fini les fûts, place aux tablas, celles du percussionniste franco-indien Prabhu Édouard.
Une Evolution faite album. Un album enregistré live ; TCTH aimant plus que tout la prise directe, le déploiement instrumental, où la techno et le spiritual jazz s’aventurent dans les cercles l’une de l’autre pour dessiner dans l’espace vibratile de nouvelles figures, inattendues.
C’est dans l’Auditorium tout confort d’écoute de l’Opéra National de Bordeaux que vous pourrez récolter avec les oreilles cette moisson de demain – très approximative traduction du nom « Tomorrow Comes the Harvest » – dispersée par ces trois semeurs de notes triés sur le volet. Mills, Dary, Édouard, pourvoyeurs de ce bon grain jazz, électronique, hybride, ferments d’ivresses vraies sans ivraie, à apprécier gratis car Nova Bordeaux vous offre des places ici-bas, ici-même, sur le formulaire ci-dessous. Leur obtention ne nécessite qu’un seul sésame : le mot de passe Nova Aime. Après quoi, que le spectacle commence, comme dirait Bob Fosse.