C’est bientôt les fêtes de fin d’année. Parmi les destinations prisées à cette période à l’étranger, il y a évidemment l’Islande. Mais il existe une autre excellente raison de se rendre un mois avant dans le pays de Björk et des volcans en colère. À la rencontre d’un des festivals les plus éclectiques et envoutants de la région.
C’est selon ses propres organisateurs « la plus grande party de Reykjavík ». Une promesse tenue dans la capitale islandaise depuis 24 éditions.
Le Iceland Airwaves Festival, du nom de la principale compagnie aérienne du coin, ne tient pas sa réputation sur un line up aux stars internationales ou un public trié sur le volet des influenceur(euse)s en vogue.
« On peut être bordélique, mais on s’en sort toujours »
« On peut être bordélique, mais on s’en sort toujours », résume Sindri Astmarsson à la tête de la programmation de l’évènement depuis 2018. « On ne mise pas nécessairement sur des têtes d’affiche ou un genre particulier à mettre en avant » explique-t-il à propos d’un festival comme un mix de différents groupes supers géniaux et chelous avec une marque de fabrique et une identité différentes.
À l’Iceland Airwaves, on affectionne les groupes émergents, mais on tient tout de même à inviter quelques grands noms. En 2023, ces grands noms s’appelaient Andy Shauf ou Trentemøller. Les années précédentes, on pouvait voir sur les différentes scènes de Reykjavík Metronomy, Mac DeMarco ou encore Florence and the Machine, pour ne citer qu’eux.
« Tous les groupes islandais qui ont du succès sont passés par Airwaves. On aimerait que ce soit le cas cette année pour le songwriter Axel Flovent que beaucoup comparent déjà à Bon Iver. »
Tremplin
Un côté tremplin avant-gardiste et ouvert sur tous les styles musicaux qui rassemble chaque année de nombreux islandais et étrangers, en particulier venant des États-Unis. « Probablement parce que la compagnie Iceland Airwaves dessert pas mal de villes américaines » ironise Sindri. « Mais cet attrait des américains pour notre pays et ses musiques vient bien sûr des succès de nos groupes qui ont réussi à s’exporter » confirme Sigtryggur Baldursson, légende de la scène punk islandaise et fondateur des Sugarcubes, groupe qui a révélé à la fin des 80’s une certaine Björk.
Björk aka la « où est Charlie de Reykjavík », tellement tout le monde semble la croiser tous les jours.
Mais le pays compte également d’autres célébrités nationales et internationales passées par le Iceland Airwaves. De Sigur Rós à Emiliana Torini en passant par le taiseux folkeux Ásgeir. Ce dernier a performé pour cette dernière édition en compagnie de l’orchestre symphonique d’Islande.
« C’était une première grisante pour moi de jouer dans ces conditions. Chanter en plus à domicile à la maison avec ma mère est très rassurant et agréable », ajoute ce natif d’ile au nord de l’Islande qui compte une dizaine d’habitants. « J’ai beau être connu ici, mon rapport avec les gens reste simple. On ne m’arrête pas souvent pour un selfie ou autre chose. Je suis devenu une figure familière et le fait que je ressemble à l’islandais moyen aide aussi sûrement », rigole l’artiste, bonnet vissé sur la tête.
Pas de stars qui se la racontent donc. Ni de genre spécifique mais des moments lives exceptionnels. Avec de l’aveu du boss de la programmation « pas mal de groupes et artistes avec des pianos cette année. Mais on s’en est rendu compte après coup. » L’un des plus beaux exemples reste la performance de la pianiste Eydis Evensen, en plein cœur d’une église.
Collection de tempêtes de sentiments
Cette fille de hippies fans de Pink Floyd, Led Zeppelin et Tchaïkovski, née dans un petit village du nord de l’Islande, s’est émancipée du monde de la musique classique pour des sonorités vibrantes et aussi réconfortantes qu’un chocolat chaud avec un plaid sur les genoux face à une cheminée avec une puissante bourrasque à l’extérieur.
« C’est drôle, j’ai fait mes premières compositions quand il y avait de grosses tempêtes autour de chez moi avec mes frères, sœurs à la maison. Alors ça me va si l’on voit ma musique comme une collection de tempêtes de sentiments personnels. »
Des sentiments sacrés pour une artiste non croyante, franche avec son audience et elle-même, qui arrive à rassembler et communier une foule entre un concert de jazz tripant signé du danois Frans Bak, les incantations pop de la canadienne Elisapie et l’énergie foutraque de Hatari. Iceland Airwaves fait souffler de tout dans le public à part le froid. Rendez-vous pour la prochaine éruption du Iceland Airwaves le 7 novembre 2024.
PS : Remerciements particuliers à Lea Gestsdottir-Gayet pour les traductions d’interviews.