Nouvo Nova : « Ninguem Solta A Mão De Ninguem » de Lucas Santtana.
Chaque jour, Nova met un coup de projecteur sur une nouveauté : le Nouvo Nova vous présente les coups de cœurs de la programmation, afin que vous ne ratiez rien des dernières trouvailles qui nous ont titillé l’oreille. Aujourd’hui : « Ninguem Solta A Mão De Ninguem » de Lucas Santtana.
Le nouvel album de Lucas Santtana exprime une forme de langueur, celle de son âge et de l’époque. Celle aussi d’un homme qui expérimente avec toutes les textures et les tendances depuis maintenant une vingtaine d’années, et qui opte à présent pour la simplicité. Avec O Ceu E Velho Ha Muito Tempo (« Le ciel est vieux depuis longtemps »), c’est un retour au voz-violão qui s’opère, le guitare-voix comme meilleur moyen de se faire écouter, en « parlant tout bas aux oreilles des gens » dans « une époque où tout le monde crie très fort ». Le tout pour mieux faire entendre un propos contestataire, qui place Santtana dans la lignée des tropicalistes et autres légendes de la pop brésilienne, dont les prises de position face au trouble politique ont influencé tout un pan de la musique brésilienne.
Face au gouvernement Bolsonaro, l’héritier musical (et neveu) de Tom Zé appelle à tenir bon: « Ninguem solda a mão de ninguem » (« Personne ne se lâche la main »), commande-t-il sur le morceau le plus beau de l’album, accompagné par d’autres membres de la scène alternative brésilienne tels Juçara Marçal, chanteuse de Metà Metà. Ce titre, qui reprend un slogan créé sous la dictature militaire des années 60, illustre une réalité d’alors: lorsque les militaires venaient réprimer les figures dissidentes dans les universités, les étudiants et professeurs se tenaient la main en chaîne en signe de résistance. En reprenant ce slogan, Santtana compare le pouvoir brésilien actuel aux heures les plus sombres du pays — une illustration de la montée des extrêmes dans le reste du monde, faisant de ce chant contestataire une main tendue depuis Bahia jusqu’à nous.
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