À vous, têtes brillantes, têtes enflammées, sans cesse ravies de vous redorer l’enthousiasme et la fibre artistique au milieu de vos semblables, on a quelques belles choses à vous suggérer. Cette soirée, par exemple, derrière les colonnades édifiées, de façon aussi auguste qu’avant-gardiste (son « clou de Louis » pour renforcer la structure anticipe, techniquement, le béton armé), par l’architecte Victor Louis.
Sur la scène du Grand Théâtre vous y attendent, dans le clair-obscur d’un décor forestier et de pas de danse lumineux, le « Step Lightly » signé par deux sociétaires du Nederland Dans Theater : la chorégraphe espagnole Sol León et son compagnon – à la scène comme à la ville – anglais, le bien nommé Paul Lightfoot.
Bardé d’un titre chapardé à un morceau Blue Note de Bobby Hutcherson, « Step Lightly », parmi les premières oeuvres de León et Lightfoot, pose ses six danseur.ses dans une lice arborée où croisent et croissent les présences troubles, les sentiments louvoyants. Marqué par l’influence d’un Mats Ek et emporté, emballé par les grisantes harmonies des choeurs bulgares, cette demi-heure n’a pas besoin de réclamer du temps additionnel pour s’attirer bien des suffrages. On pourrait encore prolonger le laïus mais on va en laisser pour ses collègues dans ce panorama fragmentaire, car ce « Step Lightly », nous en avons déjà parlé ici, en octobre 2021, lors de son apparition au répertoire de l’ONB.
Développons plus avant sur deux spectacles dont nous avons pas encore eu l’occasion de causer, deux entrées au répertoire qui viendront égayer davantage encore cette spectaculaire revue en forme de prélude au printemps : les « Frank Bridge Variations » d’Hans Van Manen et la pièce qui donne son nom à la soirée, le « Within the Golden Hour » de Christopher Wheeldon.
Commençons par cette dernière, d’ailleurs. C’est un ballet en un acte, créé en 2008. Sur un plateau baigné d’un crépuscule rougeoyant, les danseur.ses y détaillent leurs mouvements à la jointure du contemporain et du néo-classique. Appelant en écho l’art de la silhouette et du théâtre d’ombres chinoises, « Within the Golden Hour » célèbre l’approche du soleil des loups dans une fantasia chorégraphique fluide et limpide toute droite issu de l’imagination de Christopher Wheeldon, passé par le Royal Ballet de Londres, le New York City Ballet ou le Sadler’s Wells Theatre. Le tout sur un musique 100% italienne – du Vivaldi complété par les partitions du pianiste Ezio Bosso, emporté depuis par une dégénérescence neurologique couplé au Covid-19.
Quant aux Frank Bridge Variations, nommée d’après le compositeur et altiste anglais du début XXe siècle, on les doit à une sommité du ballet, le Néerlandais Hans van Manen, bientôt 92 ans au compteur et plus qu’inspiré, encore, dans ses travaux. Ceux-ci datent de 2005.
« Tout au long de leurs générations / les hommes ont érigé la nuit », posait Borges dans son Histoire de la nuit. van Manen fait de même en renouant, au passage, avec la musique de Benjamin Britten (à laquelle van Manen avait déjà eu recours dans De Maan in de Trapeze en… 1959 !), déployant les sombreurs et les milles nuances d’indigos d’un environnement nocturne où les constellations mouvantes et les figures fugaces des interprètes proposent, à la dérobée, une pléiade de variations virtuoses.
Une nuit propice à l’éclat des danseur.ses… étoiles ? Un spectacle beau à hurler à la lune ? Pourquoi pas ?
Nova Bordeaux vous offre des places pour admirer, dans la vénérable salle à l’italienne du Grand Théâtre bordelais, ce triptyque de virevoltes expertes, ce tiercé gagnant de ballets. Ces tickets s’obtiennent précisément ici, ci-dessous, avec le mot de passe Nova Aime.
Soirée « Golden Hour », du mercredi 6 au dimanche 17 mars @ Grand Théâtre (Bordeaux).