Au début des années 80, le cinéma Hongkongais était l’un des plus stimulants. La colonie britannique hébergeait alors une génération de jeunes réalisateurs qui allait renouveler la production locale pour autant de films urbains déchainés, redonnant la fièvre aux polars. À l’époque, Tsui Hark a déjà deux films au compteur, mais L’enfer des armes va tout changer.
Sa matière (un attentat à l’explosif qui avait traumatisé puis effrayé l’opinion publique quand elle avait découvert que ses auteurs étaient des adolescents) est brûlante. Hark la rend explosive en faisant le portrait d’une jeunesse nihiliste face à une société ultraconservatrice. En délivrance de la frustration de ses personnages, L’enfer des armes développe une mise en scène éruptive, qui cogne encore plus frénétiquement qu’eux, confortant les principes d’un brûlot anarchiste que la censure d’alors réprimera par des coupes sévères.
Quarante ans plus tard, le film réapparaît dans son montage initial, quand le cinéma hongkongais n’est plus que cendres du volcan créatif qu’il fut. Cinéma désormais sous la coupe d’une Chine lui imposant d’être sage, de n’allumer que la mèche politique du parti. La virulence de L’enfer des armes, film dont de nombreuses scènes figurent des barreaux ou des barbelés, n’en est que plus suffocante. Il ressuscite une véhémente œuvre de jeunesse en puissant manifeste, qui résonne à la fois comme souvenir d’un cinéma aussi épidermique qu’insoumis et enragé coup de gueule. Amplifié par le joug d’un pouvoir plus que jamais répressif, ce requiem de la jeunesse entravée d’alors, sidère par ses airs d’Histoire du chaos et de la violence d’aujourd’hui, toujours plus embrasée par la colère.
En salles depuis le 7 février, prochainement en Blu-ray chez Spectrum films.