“On ne sait jamais à l’avance ce que l’on désire” : deux décennies que le label Nø Førmat! ignore les genres, les frontières, les conventions, bref, fait les choses à sa propre sauce — et nous entraîne avec.
Forcément, Radio Nova a de nombreux atomes crochus avec ce label. Oumou Sangaré (à retrouver dans La Potion), Lucas Santtana (à retrouver dans notre Chambre Noire) ou encore bien sur Chilly Gonzales (à retrouver dans le Nova Club) sont quelques noms qui nous font faire zzzt — grésiller nos ondes.
Vu qu’ils font toujours les choses en grand, Nø Førmat! sort un beau (et grand) livre rempli d’histoires, d’anecdotes, d’illustrations et de photos. Chaque année est ainsi racontée de façon personnelle par un artiste ou plusieurs. Ballaké Sissoko, le joueur de kora, est raconté tour à tour par Vincent Segal, Reda Kateb ou Oxmo Puccino ; Laurent Bizot, le fondateur du label fait le récit de sa rencontre avec Blick Bassy ; et même Mehdi Maïzi relate les sensations que lui a procuré Identité en crescendo de Rocé lors de sa sortie en 2006.
C’est au travers des marges, entre les sillons ombragés par les sélections d’une industrie convenue, que Nø Førmat! trouve sa palette singulière. Vous dites rap, jazz, folk… le label répond : originalité ! Ou Grand Mix ? Une démarche qui se ressent pour les artistes : Nø Førmat! ne signe que des contrats courts, pour un seul projet, afin que les artistes puissent ensuite continuer leur carrière en toute liberté.
Cela n’empêche bien sûr pas au label d’avoir plusieurs albums déjà cultes à son actif. Le fameux Identité en crescendo de Rocé comme on vous le disait, mais aussi le Solo Piano de Chilly Gonzales, dont les douces mélodies au piano ont dépassé les seules sphères de la musique instrumentale. « Cette collaboration avec Nø Førmat! m’a donné le courage d’être vraiment moi-même » raconte-t-il dans le livre. Des albums en tangente qui surgissent aussi de la rencontre de leurs artistes, comme entre Nicolas Repac et Mamani Keïta — que nous avions rencontré lors de Banlieues Bleues.
Le label a trouvé sa propre réponse à la crise du disque, en faisant office de curateur très spécial. Comme il est écrit dans la préface du livre « Nø Førmat! […] comble moins un vide qu’il n’ouvre une brèche. » : on est ravi de s’y engouffrer. Vingt ans de Nø Førmat!, c’est vingt ans de sono mondiale. On a hâte de se retrouver dans deux décennies, pour célébrer les 40 ans d’un label qui nous surprendra encore.