Le musicien, à l’avant-garde de la nouvelle scène jazz londonienne, s’est lancé en solo. On vous passe ses rêveries la nuit sur Nova.
Yussef Dayes, c’est ce batteur prodigieux et moitié de l’ancien duo Yussef Kamaal, assimilé à cette scène qui, depuis Londres et aux côtés de Kokoroko, d’Ezra Collective, de Shabaka Hutchings ou de The Heliocentrics, donne depuis quelques années au jazz une allure nouvelle.
Si Black Focus, l’unique mais ô combien important album du tandem, a fait de Yussef Kamaal l’une des grandes révélations jazz de l’année 2016, c’est seul que Yussef revient cette fois, et un an après l’échappée de son compère Kamaal Williams (The Return, 2018, Black Focus Records), avec un double single intitulé Duality et qui comprend respectivement les morceaux « For My Ladies » et « Othello ».
Une nouvelle fois, c’est une claque émotionnelle qu’on a pris en se confrontant aux rythmes et aux mélodies fabriqués par de ce batteur de l’extrême qui donne l’impression, toujours, de frapper directement avec ses baguettes sur nos états d’âmes. À la fois funk, disco, acidulé et breakbeaté, le Londonien réussit à faire de ses percussions un point phare et dominant de ses deux morceaux. Original : en jazz, d’ordinaire, c’est plutôt sur la basse que l’on s’appuie pour avoir le rythme majeur. Là, il change complètement la donne et s’amuse à voguer, dans le sombre, entre rapidité et lenteur. Le rendu, ainsi, frôle la néo-soul.
Le sombre, mais la chaleur tout de même, musicalement et visuellement. Dans le clip qui accompagne le morceau, tout se marie ainsi à merveille. Il a été dirigé par Florian Joahn : les lumières, les corps, les reflets, les couleurs, c’est totalement le genre d’ambiance qui réchauffe les cœurs et les pensées et dont on avait bien besoin en cette période de grand froid à venir.
Dans ce tout nouveau projet, Yussef Dayes est accompagné du bassiste Rocco Palladino et de Charlie Stacey au clavier. En tout cas, il a annoncé pour 2020 un album en co-production avec Tom Misch, lui aussi producteur anglophone. Vivement la prochaine décennie, vivement la nuit.
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Visuel © Florian Joahn