« Mgodro Rebel » : le clip, fantasmagorique d’une Afrique qui aurait eu un autre destin, est en exclu sur Nova.
À Mayotte, l’île volcanique que l’on trouve, dans l’océan Indien, au large du Mozambique et à proximité des Comores, M’Toro Chamou est une immense star.
Né à Mayotte, M’Toro Chamou a fait le chemin jusqu’en métropole après un passage dans un autre département insulaire française (à la Réunion). Le succès n’est pas venu, en dehors de l’île, par le rap, dans lequel il s’est d’abord essayé (via le projet M’Tsapéré Power), mais par une pop hybride fusionnant la musique blues-rock (on serait presque tenté, parfois, d’y trouver des connexions avec le son du Nigérien Bombino) et celles, transcendées et follement rythmées venues, justement, de Mayotte (Chengué, Shigoma, M’Godro).
Cette pop, ambassadrice, en quelque sorte, d’une musique mahoraise qui s’exporte et qui se fait entendre au-delà des uniques frontières de Mamoudzou, M’Toro Chamou lui a donné un nom, unique et qui résume tout : l’Afro M’Godro Blues Rock. Sika Mila, son album paru cette année et dont le nom veut dire, en mahorais, « préserver sa culture », est une ode passionnée à ce pays qui l’a vu naître et qu’il a, et même lorsque lui se trouvait ailleurs, toujours chanté. La terre dont on se souvient l’odeur, le désarroi devant les violences récurrentes que subit le pays, l’espoir porté comme un étendard très haut dans le ciel, les amours qui s’envolent, et Babylone, corrompue et perfide, qui ralentit la course de ceux qui voudraient bien courir dans un autre sens. Babylone, encore elle, est d’ailleurs au centre de ce morceau, « Mgodro Rebel », que l’on vous met en avant aujourd’hui sur Nova et qui figure justement sur le dernier album du mahorais. « Que l’oppression quitte Mayotte. Au revoir à la manipulation de Babylone », chante-t-il, le banjo mississipien à la main.
La liberté, celle de Mayotte et celle de tous, M’Toro Chamou chante son nom et le fait via un clip absolument somptueux, signé Lenz. La vidéo transpose le chanteur et quelques compères dans un palais sud-africain et au sein d’une réalité alternative. M’Toro Chamou s’y trouve entouré de vases Ming, de peintures néoclassiques et rococo, d’un mobilier style Louis XV, et transpose le destin du peuple africain dans un environnement richissime et privilégié qui n’a jamais été le sien. C’est que les petits fantasmes, parfois, permettent de chasser les trop nombreux fantômes.
M’Toro Chamou (lauréat cette année, avec Perrine Fifadji et Rusan Filiztek, du Prix des Musiques d’Ici Diaspora Music Awards) sera sur la scène du 360 Paris Music Factory le 1er février dans le cadre du Festival Au Fil des Voix. L’album, lui, s’écoute par ici.
Visuel © clip de « Mgodro Rebel »