« The Rise of the Synths » d’Ivan Castell revient sur les prémices d’un mouvement fasciné par l’esthétique des 80’s et par le son de l’un de ses producteurs les plus célèbres.
À 25 ans, il était déjà l’auteur d’un long-métrage devenu culte pour les fans de science-fiction (Dark Star, qui inspira Alien et qui citait largement et de manière irrévérencieuse le 2001 de Kubrick). Pour l’Américain John Carpenter, une vingtaine de films devaient suivre, dont la plupart font désormais partie du Panthéon du cinéma d’horreur / SF indé (Halloween, The Thing, The Fog, Invasion Los Angeles…) et dont la plupart, aussi, étaient illustrés, musicalement parlant, par John Carpenter lui-même, à l’aide d’un synthétiseur utilisé, d’abord, parce que c’était la manière la moins onéreuse et la plus pratique de composer une bande-son pour ses films…
« Carpenter ne pouvait alors pas se payer d’orchestre, ni de compositeur, et c’est d’abord ce pourquoi il a composé lui-même la musique de ses films. C’est ce qu’il raconte souvent », rappellent Olivier Forest et Benoît Hické, de passage dans le Nova Club de David Blot afin de présenter la programmation de la 6e édition du Fame Festival, Festival international de films sur la musique. De la débrouillardise nécessaire, en somme, aux lettres de noblesses underground.
Viscéralement liée à ce cinéma sombre, plein d’ombres et de lumières issues de néons blancs, et à ces scenarii qui inscrivent souvent leur récit dans un présent teinté de futurisme, la musique de Carpenter, quoique diablement minimale, a marqué durablement la génération de ceux qui étaient en âge de voir des films et de les entendre dans les années 80. Elle en a marqué beaucoup d’autres, aussi.
Un pied dans le passé, un pied dans le futur, et si tu es quelque part entre les deux, c’est probablement ça que l’on appelle la synthwave
Les groupes qui circulent au sein du documentaire The Rise of the Synths d’Ivan Castell, diffusé ce samedi 15 février dans le cadre du Fame Festival, sont de ceux-là. Perturbator, Electric Youth, Carpenter Brut, GosT, The Midnight, College (dont David Grellier, producteur de Sexy Sushi et fondateur du collectif Valérie, dans lequel on trouve Anoraak ou Minitel Rose) : tous voient dans Carpenter le grand inspirateur de cette musique qu’ils proposent tous, un revival 80’s et une nostalgie pour une époque qu’ils n’ont pas toujours vécu. Ou pas suffisamment.
C’est le nom de « Synthwave » qui sera accolé à ce mouvement et cette esthétique fascinée par les voitures noires dans la nuit, les néons lumineux, les silhouettes qui se perdent dans le brouillard, les baskets blanches et les lèvres rougies perchées sur des nappes de synthés ? Mot-valise qui émergé de la communauté de fans plus que des artistes eux-même et illustrant la fusion de synthétiseur et de new wave (les deux vont généralement ensemble), un genre qui s’est développé, dans l’underground du web puis dans sa lumière, aux débuts des années 2000, et a trouvé son apothéose dans les années 2010, avec notamment la sortie du Drive de Nicolas Winding Refn, et une bande-son culte dans laquelle on retrouve le « Nightcall » de Kavinsy et ce morceau fabuleusement kitsch du duo College x Electric Youth. Viendra plus tard la série Stranger Things, qui se tourne elle aussi vers l’esthétique SF et spielbergienne des 80’s et qui rejoindra, sans vraiment en avoir conscience, les idées même de la synthwave.
« Un pied dans le passé, un pied dans le futur, et si tu es quelque part entre les deux, c’est probablement ça que l’on appelle la synthwave« , résume-t-on dans le trailer de ce documentaire narré par le pionnier en personne, John Carpenter.
The Rise of the Synths d’Ivan Castell : à voir le samedi 15 février à 17h45 à La Gaîté Lyrique, en marge du Fame Festival.
Visuel © The Rise of the Synths d’Ivan Castell