Denis Mukwege, héros d’un documentaire intitulé L’homme qui répare les femmes : la colère d’Hippocrate, réalisé par Thierry Michel, et Prix Nobel de la Paix, dirige l’hôpital de Panzi et a créé sa fondation pour venir en aide aux femmes victimes de violences sexuelles. Le chanteur congolais Fally Ipupa, qui jouait ce 28 février aux Accor Hotel Arena, a annoncé qu’une partie des bénéfices sera reversée à la Fondation Denis Mukwege. Retour sur le parcours d’un homme engagé, qui a dédié sa vie au fléau qui touche son pays : le viol comme arme de guerre.
Rien ne prédestinait Denis Mukwege à recevoir le prix Nobel de la paix 2018 pour son engagement sans faille envers les femmes de son pays, la République Démocratique du Congo. Un prix censé rappeler que les violences sexuelles sont des armes de guerre d’une redoutable efficacité et s’apparentent à des crimes contre l’humanité. Un discours que ne cesse de marteler le Dr. Mukwege.
Les violences sexuelles : des armes de guerre
L’homme qui répare les femmes, aujourd’hui héros d’un documentaire du même nom, dirige depuis vingt ans l’hôpital de Panzi, dans la province du Sud Kivu. La plupart de ses patientes sont victimes de violences sexuelles. Petit, Denis Mukwege se voit médecin, alors qu’il assiste à une scène qui le hante : sa famille, entourant un petit garçon malade pour le couvrir de prières. Il ne comprend alors pas l’impuissance des adultes à ne pas lui fournir de traitement et demande à son père pourquoi il ne reçoit pas de médicaments. C’est l’aveu de ce dernier : « Je ne peux pas car ne je suis pas médecin », qui pousse Denis à embrasser cette voie. Il commence pourtant ses études à Polytechnique, s’installe à Kinshasa, la capitale, et grâce à sa bourse, lance une affaire qui lui donnera un petit pécule. De quoi se payer la fac de médecine. Son diplôme en poche, le nouveau docteur Mukwege débute sa carrière à l’hôpital de Lemra, une expérience traumatisante puisqu’il y constate le taux de mortalité effarant des femmes enceintes lors de leurs accouchements. Il décide de se spécialiser en gynécologie, et s’envole au CHU d’Angers pour y parfaire sa formation.
À son retour, en 1996, un incident l’empêche de travailler pendant quelques années : alors que la RDC s’enlise dans la guerre, son hôpital est attaqué. Le médecin y réchappe, par miracle, mais ce n’est pas le cas du personnel soignant. En 1999, il se mobilise et ouvre l’hôpital de Panzi à Bukavi, initialement conçu comme une maternité. Mais la première patiente à se présenter est victime de viol et de mutilations génitales. Tout au long de sa carrière, il recevra des milliers de femmes ayant subi des sévices similaires. La découverte de ces corps mutilés lui fait prendre conscience de l’utilisation abusive et massive du viol comme arme de guerre.
Aujourd’hui, du haut de ses 65 ans, il forme des dizaines d’internes, et ne cesse de développer son centre : en plus des soins médicaux, des aides psychologique et juridique sont fournies aux victimes et des formations sont proposées aux femmes afin de les rendre indépendantes. Depuis l’obtention du Prix Nobel, Denis Mukwege parcourt le monde pour alerter la communauté internationale sur ces crimes. Il préconise aussi une mobilisation locale masculine.
La Fondation du Dr. Mukwege, c’est ici.
Pour écouter l’intégrale de l’émission Néo Géo du 23 février, c’est par ici.
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