La chronique de Jean Rouzaud.
Le label Londonien Soul Jazz poursuit sa quête historique des musiques africaines. Cette fois : back in the sixties pour l’écoute de musique Yoruba. Éthnie dominante de l’Afrique de l’Ouest… Ces enregistrements rares ont débuté avec les labels Decca et EMI. Le départ des colons anglais n’a été obtenu qu’en 1960.
Bien des styles de musiques existent entre les Yorubas et le Nigeria : Fuji, Juju, Highlife ou Afrobeat. Ces derniers genres furent exportés par Fela. Mais cette fois-ci, il s’agit de musique Apala, à bases de chants et de percussions… En vedette, le pape du genre : Haruna Ishola.
Le mélange de styles urbains, Islamiques, Africains se fait comme une sorte de résistance. Le style Apala particulièrement, affirme une culture philosophique profonde et antérieure aux envahisseurs, appuyée par des modes de rythmes entremêlés complexes.
L’usage de divers tambours (Bata, tambours parlants, calebasses…) mais aussi du piano à pouces (à lamelles), et les chants psalmodiés en longueur, en Yoruba, sont vierges de toute influence extérieure…
Le résultat est fait de mélopées douces, étirées, ne semblant pas finir, agrémentées de rythmes délicats, de percussions flutées et entremêlées avec le piano à pouces (tablette à lamelles métalliques).
Un résultat hypnotique, raffiné, aux voix nasales, tantôt enfantines ou adultes… Le tout donne une tonalité quasi mythologique, à cause des sons inhabituels, des tons aigus, et de la rythmique riche et permanente qui enveloppe les litanies, mélopées et autres appels lancés à mi-voix.
Apala groups in Nigeria (1967-1970). Soul Jazz Records. CD 18 titres. Avec un booklet historique complet de 25 pages (existe aussi en double LP / vinyle et en Digital). Note : Il existe d’autres styles nigérians néo-traditionnels : Waka et Sakara.
Visuel en Une © Alhadji Haruna Ishola and his Apala Group