Retour sur l’affaire de cet ancien homme d’affaires.
Pour le Today’s Special d’Armel Hemme, Thomas Zribi revient sur le procès Pierre Botton.
La semaine dernière a eu lieu un procès tout droit surgi du passé, dont le nom va forcément rappeler des souvenirs aux moins jeunes, c’est-à-dire aux plus vieux : le procès Pierre Botton.
D’abord, qui est Pierre Botton ? Dans les années 80, c’est un beau gosse aux dents blanches, businessman à succès qui ressemble à son époque. Celle où certains hommes mélangent la politique et les affaires, les comptes publics et les comptes privés, et finissent en prison.
Le reste du temps, il détourne de l’argent.
Pierre Botton vit entre son hôtel particulier lyonnais, son appartement parisien, et sa villa cannoise où, selon la légende, la piscine serait remplie de langoustines pour épater ses invités quand il organise des fêtes. Aussi, il se déplace en hélicoptère ou en jet privé.
Grâce à son beau-père, le maire de Lyon Michel Noir, il devient le copain du gratin de la politique et du show-business. Le reste du temps, il détourne de l’argent pour se permettre de se payer toutes les choses citées plus haut.
En 1995, il tombe et écope de deux ans de prison de ferme. Michel Noir tombe avec lui.
Il devient un militant de la cause des prisonniers.
Mais une fois son « séjour » terminé, Pierre Botton sort de prison… transformé. Dans des livres, sur les plateaux télés, il raconte le choc carcéral, la dépression, sa tentative de suicide derrière les barreaux. Il devient un militant de la cause des prisonniers et promet que s’il était nourri, dans sa vie d’avant, par son amour de l’argent, désormais il est porté par la cause, le nouveau sens de sa vie : la lutte contre l’injustice dont sont victimes les détenus.
Il fonde alors une association, Les Prisons du Cœur, pour récolter des fonds et défendre leurs droits. Plusieurs grandes entreprises financent son projet et de nombreuses vedettes le soutiennent de Yannick Noah à Pierre Arditti, en passant par Michel Drucker et Jean-Pierre Foucaud.
Mais il y a trois ans, on découvre que Pierre Botton a replongé. Il aurait détourné des centaines de milliers d’euros de son association, grâce à des montages financiers dignes de ses plus belles années.
Grâce à cette association charitable, il se serait versé entre 20 et 35 000 euros de salaire mensuel.
L’argent destiné aux détenus aurait servi à payer la rénovation de sa villa pour plus de 100 000 euros, une nouvelle cuisine dans son appartement parisien, la moitié de son loyer soit 90 000 euros, des voyages avec sa compagne, ses filles ou sa mère à 105 000 euros et également, l’achat d’« objets récréatifs pour adultes » (des jouets cochons quoi), pour 170 000 euros. Une belle somme à laquelle vous ajoutez la fraude fiscale : Pierre Botton n’aurait déclaré qu’une infime partie aux impôts. En tout, grâce à cette association charitable, il se serait versé entre 20 et 35 000 euros de salaire mensuel.
Et justement, c’est cette affaire qui a été jugée la semaine dernière. Les juges avaient du mal à comprendre pourquoi il a récidivé, lui qui avait déjà tout perdu en piquant dans la caisse ? À cette question, l’ex-homme d’affaires a répondu qu’il a été toujours été sincère, qu’il voulait vraiment défendre les prisonniers, et que pour toutes les choses comptables, ce n’est pas de sa faute. D’autres personnes s’en occupaient à sa place. Il n’avait pas conscience, promet-il, des malversations.
Le procureur n’a pas été convaincu par ses explications et a requis quatre ans de prison. Pierre Botton, réellement meurtri par l’enfermement, aura du mal à ne pas retourner derrière les barreaux.
La morale de cette histoire, s’il y en a une, c’est que l’argent et le vol sont des drogues qui semblent puissantes, difficiles d’arrêter. La morale de cette morale, s’il y en a une là aussi, c’est qu’en prison, Pierre Botton sera sans doute moins bien reçu que la première fois. Ses codétenus auront de quoi lui en vouloir.
La chronique de Thomas Zribi est à retrouver dans Today’s Special.
Visuel © Getty Images / Alexis ORAND