Dans le nouveau clip du producteur français, une transe collective, le Carnaval d’Haïti, et un « Nouveau monde » qui s’exalte en images.
Face à l’urgence climatique, le producteur français Rone s’interroge, avec ce qu’il sait faire de mieux (la musique électronique, tendance techno qui rêve) sur l’avènement d’un nouveau monde. Ça donne Room With A View, son cinquième album sorti le 24 avril, qui, en pleine pandémie, a une résonance particulière.
C’est une fenêtre qu’il laisse ouverte sur l’univers. Plus qu’un album, c’est un projet en deux temps. Avec (LA)HORDE, collectif de danseuses et de danseurs venus de quatre coins du monde, Rone en a fait un spectacle du même nom au théâtre du Châtelet à Paris. Ensemble, ils ont réussi à faire passer des idées par le corps.
Des mouvements, les bruits des danseurs, leur respiration, des chœurs…agrémentent les morceaux. Pour le rendre d’autant plus vivant, le projet est monté en musique comme un dialogue entre son ami et écrivain de science-fiction Alain Damasio et le scientifique Aurélien Barrau, sur la fin d’un monde. Leur thèse est plutôt optimiste : l’art est en tout cas capable d’agir sur notre perception et nos idées.
Transe collective
« Nouveau monde » est le titre fédérateur de « Room for a View » dont le clip sort aujourd’hui. Il a été réalisé par Jérôme Clément-Wilz avec qui Rone partage la nécessité de repenser ses héros et ses mythologies pour envisager un autre futur. « Je voulais dépeindre ce qu’est la communion. Pas une simple communion chrétienne régulière, mais plutôt une communion ludique, folle, poétique, syncrétique » explique Jérôme Clément-Wilz. Le monde d’après ne serait-il pas à la croisée des rites de communion du Carnaval de Haïti ?
« Ce film est un hommage à la culture haïtienne, follement vivante. Chaque année, les habitants de Jacmel et les artistes rassemblent un génie et des compétences étonnamment puissants pour créer la vaste galerie de personnages qui dansent pendant le carnaval. Le carnaval a toujours été une période où le peuple renverse les valeurs sociales et morales. Les Jacmeliens mélangent toutes les figures de l’histoire haïtienne : esclaves, chrétiens, autochtones, vaudous, les figures animales sont mélangées pour former une grande catharsis. Le carnaval haïtien en tant que tel est aussi un geste politique et une critique sociale. »
Haïti et les habitants de Jamel, les artistes, ne se sont toujours pas remis du tremblement de terre de 2010, une crise sociale et politique accentuée par la pandémie de Covid-19. Le Centre des arts de Jacmel soutient plus de 100 artistes membres et plus de 60 étudiants, tous résidents de Jacmel, dont beaucoup créent les grands masques en papier mâché ainsi que les costumes et les décorations du carnaval. Vous pouvez, vous aussi, les soutenir ici.
Visuel © Jérôme Clément-Wilz