« Haw Phin », « Chông Ky » : deux nouveaux morceaux pour un EP idéalement perché.
Des musiciens néerlandais (Kees Bekers, Remy Scheren, Robbert Verwijen, Yves Lennertz) qui se plongent dans une culture qui, a priori, n’auraient rien à voir avec celle du pays où ils se trouvent domiciliés ? Si la démarche sonne de manière familière à l’oreille, c’est qu’elle était déjà celle d’Altin Gün et celle de The Mauskovic Dance Band, ces groupes que vous entendez souvent sur Nova et respectivement plongés dans la relecture du rock psyché turc pour les uns, et dans une musique disco, afro-latine et afro-caribéenne (années 70, tant qu’à faire) pour les autres. Aux Pays-Bas, afin de s’élever, on regarde ailleurs.
Yīn Yīn cette fois, et le projet est là encore d’une originalité et d’une ouverture d’esprit remarquable, se plonge pour sa part dans les musiques d’Asie du sud-est, et les mixe avec des instrumentaux marqués funk, disco, groove, psyché. Moroder n’est pas loin, Sakamoto, The Shadows et Morricone non plus. Voyage, voyage.
Le projet est signé sur le même label que les précédents nommés (les irréprochables Disques Bongo Joe) et avait abouti à la sortie d’un excellent premier album à l’automne dernier, The rabbit that hunts tigers, disque beaucoup joué sur Nova, et notamment par le biais du morceau « A One Inch Punch ». À noter également, et pour ceux qui prendraient l’histoire en cours de route, la présence, sur ce premier album, de cette relecture fascinante (« Dis kô Dis kô ») de la production de Giorgio Moroder pour Donna Summer et son tube mythique « I feel love ».
Yīn Yīn s’inspire des disques piochés là où on les trouve (en Thaïlande ou au Vietnam, dans ce cas précis) et utilise des instruments qui, mélangés à d’autres qu’on utilise plus régulièrement (les basses, les claviers…), donne la sensation du très grand métissage. Sur « Haw Phin », ainsi, le groupe joue d’un luthe thaïlandais au nom proche d’un slogan (« Haw Pin ! » pour « Reste fort ! ») que l’on retrouve en ce moment souvent, dixit le groupe, sur les murs de la ville de Maastricht.
Le morceau figure sur un disque qui arrive le 18 juin et qu’on vous joue avant tout le monde sur nova.fr. Il est accompagné d’un autre, « Chông Ky », une chanson « écrite et enregistrée en une nuit. » et avec laquelle vous pourrez passer, justement, la plus grande partie de vos nuits, de vos jours et du reste, un temps que vous pourrez également passer, plus globalement, avec l’entièreté du catalogue Bongo Joe comme vous le suggérait cette mixtape réalisée pendant le confinement et qui proposait une possibilité, lorsque cela n’était plus possible — il semblerait que cette histoire-là s’améliore —, de voyager plus loin que sur le canapé convertible de votre salle à manger.
Visuel © Jonas Löllmann