Il est la nouvelle sensation musicale de Hongrie. À seulement 22 ans, Azahriah dénonce le régime d’extrême droite du président Orbán et ça plaît.
130 000, c’est le nombre de spectateurs et de spectatrices qui ont assisté il y a quelques jours aux trois concerts d’Azahriah au stade Puskas de Budapest.
Mélangeant des influences reggae, afro-beat, dub et hip-hop, cet artiste est un sacré personnage. Il est devenu si populaire en Hongrie que le Président Viktor Orbán lui-même l’a pris en grippe. Le dirigeant d’extrême droite n’aime pas qu’on lui fasse de l’ombre, surtout quand on dénonce sa politique…
Une carrière immense à seulement 22 ans
Scénographie à l’américaine, jets de flammes et plateforme montante, en seulement trois ans de carrière, le musicien a sorti six albums et est devenu une véritable star dans toute la Hongrie.
Originaire des quartiers nord de Budapest, Azahriah, de son vrai nom Attila Bauko, a 22 ans. Autodidacte, modeste et humble, il a tout appris sur Internet et ne même sait pas lire une partition. Il est pourtant devenu aujourd’hui pour la jeunesse hongroise le symbole du rejet grandissant du dirigeant nationaliste au pouvoir depuis quatorze ans, le seul que cette jeunesse ait connu.
Un artiste engagé qui dénonce les dérives du régime hongrois
Azahriah est devenu si populaire en Hongrie, y compris chez les propres électeurs et électrices d’Orbán, qu’il met le pouvoir en transe. Ne sachant pas sur quel pied danser, mais bien conscient de la popularité de l’artiste, Viktor Orbán s’est fendu, début avril, d’une courte vidéo sur TikTok pour dire qu’il écoutait lui aussi Azahriah.
Ce à quoi Azahriah aurait répondu :
« J’aurais aimé voir Viktor Orbán à mon concert, mais je lui aurais aussi dit qu’il ne devait plus diriger le pays »
Depuis, le président n’a pas refait de vidéo de ce type.
Il faut dire que si la famille d’Azahriah vote pour Orbán, il n’en est pas de même pour le musicien, très critique à l’égard du pouvoir. Celui-ci est devenu si célèbre qu’il peut se permettre de dire ce qu’il veut sans craindre les pressions du régime d’extrème droite.
Dans le stade de Puskas, Azahriah a fait entonner une de ses chansons les plus subversives, « Four Moods 2 », une chanson dont le clip moque la propagande de Viktor Orbán à coups d’images de Charlie Chaplin singeant Adolf Hitler.
« Si je vous disais ce que je pense, cela serait politiquement incorrect
Si je disais que la misère et les crampes d’estomac
C’est parce qu’on vous a volé et craché au visage des dizaines de fois
Vous pourrez toujours vous agenouiller comme des conservateurs
Sachez que mon avenir et votre argent ne vont pas de pair »
Azahriah, « Four Moods 2 »
C’est ce qu’il dit dans ce titre dont le clip cumule près de trois millions de vues sur YouTube, ce qui est quand même beaucoup pour un pays de dix millions d’habitants.
Sorti le premier avril 2024, le magistral clip de « Cipoe », « chaussures » en français, vaut le détour. Entre deux plans cinglants, passant de la couleur au noir et blanc, Azahriah parle de la misère dans les quartiers, de la vanité du luxe et de la façon dont il s’est battu pour sortir de l’étroitesse d’esprit et de la propagande. Il conclut le morceau ainsi :
« Je me suis sauvé, alors maintenant, il est temps de sauver les autres aussi »
Azahriah, « Cipoe »
À la conquête de la scène internationale
Mélangeant anglais et hongrois dans ses textes, Azahriah porte des messages forts et est résolument tourné vers le reste de l’Europe, voire même, l’international. Personne ne se souvient qu’un chanteur hongrois ait jamais réussi à percer à l’étranger avant lui, et personne n’avait non plus réussi à remplir le Puskas trois soirs de suite…
L’artiste talentueux a même collaboré avec nos frenchies de L’Entourloop, dans un titre clipé sorti sur YouTube il y a deux semaines.
Azahriah jouera le jeudi 7 août au Sziget festival 2024 de Budapest, l’un des plus grands festivals d’Europe, aux côtés de stars internationales comme Fred Again, Halsey, Raye, Sam Smith ou encore L’Impératrice.
Une chose est sûre, il a encore de longues années de succès devant lui.