Sorti mi-septembre, l’album le plus vendu du groupe écossais fête son trentième anniversaire.
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-13h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
Aujourd’hui c’est l’anniversaire d’un disque du genre de ceux qui figurent dans les classements de type « les 1001 albums qu’il faut avoir écouté dans sa vie », à l’intitulé souvent agaçant mais au goût rarement discutable, on ne peut pas leur enlever.
Cet album c’est Heaven or Las Vegas des Cocteau Twins, un de leur disque le plus vendu. Les Cocteau Twins c’est un groupe écossais qui a chanté pendant près de 20 ans, entre la fin des années 1970 et la fin des années 1990. Enfin, c’est surtout la voix d’Elizabeth Frazer qu’on a retenue, pour son caractère des plus hypnotisant.
Pour augmenter l’effet d’hypnose, la chanteuse est réputée pour chanter des phrases volontairement incompréhensibles par le commun des mortels. Ce sont des suites de mots, d’images, de métaphores qui marquent mais qui ne se comprennent pas vraiment.
Elizabeth Frazer : chanteuse et glossolale
Un mot savant existe pour ça, la glossolalie, l’art d’inventer un langage qui fait primer les émotions sur le sens, et peut se passer de phrases rationnelles. L’auteur des « Aventures d’Alice au pays des merveilles », Lewis Carroll, était glossolale par exemple, tout comme les musiciens de scat, ce style de Jazz connu pour ses onomatopées (« Dip Dop Doo… »).
Et donc les Cocteau Twins, qui grâce à cet art furent vite les pionniers d’une nouvelle vague écossaise et les premiers à chanter de la dream pop aussi. Toute l’œuvre des Cocteau Twins repose sur la voix d’Elizabeth Fraser, qu’on a souvent qualifié d’un instrument à part entière, grâce à laquelle elle a été invitée à chanter sur le morceau Teardrop de Massive Attack, et sur quelques titres de l’album Mezzanine.
Mais pour revenir au disque qui fête ses trente ans cette semaine – Heaven or Las Vegas, à sa sortie en septembre 1990, on peut dire qu’il arrive exactement au bon moment. C’était avant le trip hop, à une époque où les voix éthérées et les productions électroniques charment encore beaucoup de gens.
Ce qui explique pourquoi il se vend beaucoup, quitte à donner l’impression aux anciens fans des Cocteau Twins que cet opus-ci est vraiment le plus commercial de tous. Peu importe, c’est avant tout une oeuvre très bien tissée, produite et incarnée aussi. Un disque qui n’a rien perdu de son perçant 30 ans après. Et pour ça, il méritait d’être célébré.
Visuel © Getty Images / Odile Noel