L’existence tumultueuse de la chanteuse de blues et de jazz.
Ce morceau vous le connaissez sûrement, « Strange Fruit », interprété en 1939 par Billie Holiday dans un club de jazz new-yorkais. Elle chante : « Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines. Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud ». C’est cette performance qui va faire de la chanteuse un symbole de la lutte contre le racisme. Dans la salle, certaines personnes blanches quittent la pièce. La plupart restent subjugués par l’interprétation de Billie.
Toute sa vie, elle a dû faire face au racisme, à l’exclusion, au lynchage. Depuis son enfance dans un quartier pauvre de Baltimore jusqu’aux heures de gloire. En tournée avec un orchestre composé uniquement de musiciens blancs, elle devait dormir seule dans le bus, pendant que les autres dormaient à l’hôtel.
« Aucune chanteuse n’a enduré ce qu’elle a enduré ». C’est ce que raconte le documentaire Billie. Le résultat d’une enquête incroyable menée par une journaliste américaine, Linda Lipnack Kuehl, qui pendant huit ans, a interviewé tout l’entourage de Billie Holiday, des musiciens, avocats, des policiers aussi. Plus de 200 heures d’enregistrements qui pendant 40 ans sont restés dans des cartons, avant d’être exhumés par le réalisateur James Erskine.
On sait que Billie Holiday est une chanteuse formidable. Ce qu’on sait moins, c’est qu’elle avait une grosse tendance à l’autodestruction. Le docu le raconte sans détour. Billie Holiday se droguait, avait la main lourde sur l’alcool. Elle se mettait en couple avec des hommes qui la contrôlait, la battaient. Elle est décédée à 44 ans d’une crise cardiaque, à l’hôpital alors que la police voulait à nouveau l’arrêter pour consommation de drogue.
« J’imagine que nous souffrons tous »
Il y a, dans ce documentaire, ce moment très fort où on demande à Billie Holiday pourquoi les artistes de jazz meurent tôt, elle répond : « J’imagine que nous souffrons tous ». C’est cette souffrance qui est racontée de manière très abrupt, à travers des témoignages.
Ça c’est Billie Holiday, accompagné par Louis Armstrong. Une parmi les nombreuses archives de lives présentes dans le documentaire, qui sort en salle aujourd’hui.
Tous les jours, Morane Aubert fait son Journal le plus cool du monde dans Super Nova, le programme de Marie Bonnisseau (lundi au vendredi, 17h-19h).
Visuel © Documentaire Billie