Sortie en 2012, cette compilation consacrée au « James Brown brésilien » fête ses neuf ans aujourd’hui.
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-12h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
Aujourd’hui on fête les 9 ans d’une compilation géniale sortie en 2012 sur le label Luaka Bop de David Byrne, et c’est un très bon prétexte pour parler d’un type complètement fou : Tim Maia. Un type dont la vie vaut dix films.
Sebastião Rodrigues Maia de son vrai nom, est né en 1942 à Rio, le 18ᵉ enfant d’une famille de 19. Après des tout petits boulots, il décide à 15 ans d’apprendre à jouer de la guitare. Et puis à 17 ans, il quitte la maison pour vivre son rêve, les États-Unis. Quand il passe les services d’immigration, Tim Maia raconte qu’il vient pour étudier alors qu’en réalité, l’adolescent est venu faire de la musique et quelques bêtises. Le tout avec seulement 12 dollars en poche.
Pendant 3 ans, le jeune Sebastião découvre les musiques noires américaines, apprend à composer des chansons en anglais et vit une de ses meilleures vies. Et puis un jour, il se fait attraper par la police, en train de fumer un joint dans une voiture volée. Il n’en fallait pas plus pour le renvoyer au Brésil. Un pays où il débarque en racontant qu’il ne parle plus portugais, en réalisant que le courant musical tropicaliste ou la musique populaire brésilienne l’intéressent pas vraiment.
La voix de Barry White, la vie à 100 km/h
Avec sa grosse voix de Barry White, Tim Maia préfère chanter de la soul, décloisonner les genres et créer une musique afro-brésilienne. En même temps qu’il commence à trouver le succès d’abord au Brésil puis dans le monde entier, à s’assumer également en tant que noir brésilien, il ressent l’envie de faire la fête. Le chanteur organise des super teufs, touche à la drogue, à l’alcool, tout ça à grande vitesse sur l’autoroute de la déglingue.
Et sa vie de fou ne s’arrête pas là. Par la suite, Tim Maia rencontre un gourou, entre dans une secte, change de nom, abandonne tous les excès, rase sa barbe et s’habille en blanc. Et ne tient qu’un an, avant de revenir à sa vie de dingo. Jusqu’à sa mort en 1998, il sortira des dizaines de morceaux géniaux, compilés sur ce disque notamment.
La force de Tim Maia n’est pas uniquement d’avoir vécu une vie rocambolesque, c’est d’avoir eu un sacré talent, de crooner et de soulman. Entre deux folies et deux fêtes, il a su créer un son singulier et brésilien : entre la soul et la bossa nova, qui va inspirer des générations et des générations d’artistes.
Crédit – Pochette de World Psychedelic Classics 4 de Tim Maia