Le premier album éponyme du duo de l’ouest londonien a fêté ses dix ans le 15 juillet dernier. Un disque estival, chaud, moite, que ses auteurs encore anonymes à l’été 2014 signent de leurs initiales J et T, pour Joshua Lloyd-Watson et Tom McFarland.
Les albums cultes ont ça en commun que même les plus néophytes d’entre nous l’on déjà eu dans les oreilles. La preuve avec « Busy Earnin' », l’un de ces morceaux qui, un peu comme « The Look » de Metronomy, a déjà été entendu par tous à la radio, ou plus fréquemment en boucle dans des pubs à la télévision. C’est peut-être aussi ça qui a nourri le mythe autour du tout premier album de Jungle, sorti à l’été 2014 et pensé comme un gros coup de soleil en pleine nuque.
La pochette de l’album a elle-même fait date dans la discographie du groupe. Tous les disques suivants ont gardé la même identité visuelle : « Jungle » écrit en lettre sur un fond uni. L’épopée Jungle commence un peu avant la sortie du disque, le 15 juillet 2014. Le duo dévoile au compte-goutte une série de singles et de clips, le tout alimentant un peu plus le mystère autour de l’identité du groupe.
Dès leurs débuts, le duo de producteurs britanniques compte bien garder l’anonymat, et signent le projet avec les initiales J et T. À la sortie de leur quatrième album, Volcano, l’un des deux signataires expliquait dans une interview à nos confrères des Inrocks : « Si Daft Punk n’avait jamais existé, j’aurais adoré. Devenir des performeurs masqués. On y a beaucoup pensé : comment nous présenter publiquement sans avoir à nous présenter publiquement ? Mais ces enfoirés ont eu l’idée avant nous [rires] !«
Du duo anonyme au live band à sept
Derrière Jungle, deux producteurs : Tom McFarland et Joshua Lloyd-Watson. Les deux amis d’enfance du quartier de Sheperd’s Bush, à l’ouest de Londres, ont fait leurs marques dans un premier groupe baptisé Born Blonde, dans lequel les frangins bricolaient de la Britpop.
Avides de s’effacer pour ne laisser que la musique au premier plan, Jungle crée son premier disque en conservant le minimalisme que peut proposer un duo de producteurs. Les airs de guitares, de basses et de cuivres confectionnés par ordinateur semblent plus vrais que nature, tandis que les synthés se font omniprésents tout au long des douze titres : triomphants sur « Busy Earnin' » ou groovy sur « Julia ».
Le succès de Jungle est évident dès sa sortie. Avec les premiers singles dévoilés en préambule, suivis du disque à la mi-juillet, le groupe est déjà convié le même été dans plusieurs festivals classieux, comme SXSW, Glastonbury, et même Lollapalooza deux semaines seulement après la sortie de l’album.
Surtout, Jungle se construit autour d’un grand panorama d’échantillons musicaux. « The Heat » ouvre le disque par des sirènes hurlantes et un son entre funk et dance à l’énergie moite. Les voix aiguës du duo font parfois irruption sur quelques morceaux, comme « Crumbler », chantant leurs doutes sur « Julia » : « I don’t know who you are/ Soon enough, you’ll be all I need » (« Je ne sais pas qui tu es/ Bientôt, tu seras tout ce dont j’ai besoin »).
Avec ses morceaux taillés pour le live, Jungle rompt avec le format à deux et s’entoure d’une équipe de sept musiciens pour ses concerts. Après la sortie de Jungle, le groupe dévoile notamment une série de remix signé entre autres par Soulwax et Joe Goddard (Hot Chip).