Compliqué de faire mieux que la cérémonie d’ouverture, pas vrai ? Quelques moments forts à retenir, quand même : direction le Stade de France pour les derniers instants que le monde entier nous a envié — paraît-il. Ici Paris. À vous Los Angeles.
Ce lundi matin à la rédac’, on se remet doucement de ce qu’on a vu hier soir. Parce que si l’on se demande désormais ce qu’on va bien faire à 16 heures de l’après-midi sans l’option canoë-kayak ni tennis de table, il faut dire que la cérémonie de clôture de ces Jeux Olympiques a assuré le spectacle comme il se doit. On retient certes quelques longueurs — trop de discours tue le discours —, mais aussi et surtout de belles performances musicales, livrées au centre du Stade de France (et de l’autre côté de l’Atlantique), qui nous ont fait vibrer.
Zaho de Sagazan : magistrale même sans les modulaires
Qui de mieux que notre Zaho nationale pour ouvrir cette cérémonie de clôture ? Après sa perf’ devenue mythique au festival de Cannes, Zaho de Sagazan revient avec une autre reprise, changement de registre. Elle virevolte élégamment dans le Jardin des Tuileries, accompagnée du chœur Haendel-Hendrix et maitrise le vibrato sur le morceau « Sous le ciel de Paris », d’Édith Piaf. La Nazairienne ne cesse de se réinventer, aucune limite, rien ne lui résiste. Sous cette symphonie sans modulaires, la mélodie intemporelle d’Édith renaît.
Dans un cadre monumental au jardin des Tuileries, la flamme de la vasque olympique vibre sous les octaves de l’artiste, bientôt rejointe par le quadruple champion olympique de natation, Léon Marchand. Une ouverture qui conclut avec brio le slogan de ces olympiades : « Paris est une fête ».
La French Touch grandiose au centre de l’arène
Exit les Tuileries, retour à Saint-Denis avec le défilé de drapeaux, avec pour bande originale quelques-uns des meilleurs titres du duo Justice.
Et une fois n’est pas coutume, après leur concert hallucinant sur le toit du Terminal 1 de l’aéroport Charles de Gaulle, on pensait la surenchère impossible. Pourtant, Air et Phoenix ont réussi à nous en mettre — encore — plein la vue, en atterrissant hier soir au milieu du Stade de France. Les frissons sont venus quand on a entendu les quelque 80 000 spectateur‧ices reprendre a cappella le refrain de « Lisztomania », énième ferveur collective de cette quinzaine olympique.
Pour l’occasion, Air et Phoenix ont aussi interprété leur « Playground Love », devant un auditoire conquis. Notons aussi l’incruste sur scène d’Ezra Koenig, leader du groupe américain Vampire Weekend, pour interpréter « Tonight ».
Vampire Weekend frontman Ezra Koenig joined Phoenix at the Paris Olympics closing ceremony to perform « Tonight. » https://t.co/3P5EqHyUtm pic.twitter.com/vzjQIBj5Ey
— Variety (@Variety) August 11, 2024
Parmi les nombreux guests aux côtés des icônes de la French Touch, on a eu aussi droit au passage du rappeur cambodgien VannDa. Si son nom vous paraît inconnu, il a déjà collaboré avec Phoenix sur “Funky Squaredance”.
Angèle et Kavinsky, le secret bien gardé
Alors qu’on pensait déjà tout savoir sur la liste des artistes convié‧es pour la cérémonie de clôture, la grande surprise de la soirée revient au duo inattendu — mais incroyablement efficace — formé par Angèle et Kavinsky. Sur scène, à travers la fumée et les lumières bleues, on distingue la silhouette de Vincent Belorgey et ses lunettes clignotantes sur le nez, clin d’œil à la pochette de l’album Nightcall. Et c’est justement sur le morceau-titre, produit par un certain Guy-Manuel de Homem-Christo et par SebastiAn, que débarque à son tour la chanteuse belge. Celle-ci reprend les paroles du morceau, chantées à l’origine par Lovefoxxx, et envoûte un peu plus l’assistance.
L’incroyable piano volant
Impossible de ne pas mentionner ce moment aussi grandiose que flippant, où le pianiste Alain Roche s’envole avec son piano à la verticale au-dessus de la scène. Dans un grand moment de poésie, le compositeur suisse, connu pour ses performances acrobatiques, a joué un « Hymne à Apollon » venu de la Grèce Antique. Cet hymne a été déchiffré pour la première fois en 1984, au cœur des ruines de Delphes. Tout un symbole.
Billie Eilish et Finneas font rayonner Venice Beach
Et non, il n’y avait pas Charli XCX… Mais la douce voix de Billie Eilish était quand même en binôme, accompagnée de cordes et d’un médiator : la guitare de son frère Finneas. Le show américain, en direct de Los Angeles, n’était pas aussi extravagant que le nôtre (ce qui nous a surpris‧es de la part des USA, qui font rarement dans le minimalisme). Un avant-goût des JO 2028 qui semble avoir donc opté pour la simplicité.
Mais cette ambiance colle parfaitement avec « Birds of a feather », le morceau que les US ont érigé en top titre du dernier album de Billie, Hit me Hard and Soft. Suave et gracieux, un vent frais californien vient caresser l’effervescence chaleureuse du Stade de France. Les trois guitares, le synthé et la batterie laisseront ensuite place à la mascotte des JO, Snoopdoggydogg et à la légende du rap, Dr. Dre.
Dr. Dre et Snoop Dogg, les maîtres de cérémonie
Ni une ni deux, après sa descente en rappel du toit du Stade de France — et sûrement un petit passage à l’église de Scientology, située à deux pas d’ici —, en grande rockstar qu’il prétend être, Tom Cruise a pris l’avion pour ramener la bannière étoilée au pays, direction les plages de Los Angeles. Là-bas, c’est notre Snoop Dogg adoré qui a pris à son tour le mic. De l’autre côté de l’Atlantique, il est rejoint sur scène par Dr. Dre pour interpréter le légendaire « The Next Episode », lourd de sens dans ce contexte de passation olympique. Après une telle presta’, on ronge notre frein à l’idée de découvrir ce que va réserver la fête à L.A. en 2028.
Le feu mis à l’honneur : le stade s’enflamme, les JO s’éteignent
Un majestueux feu d’artifice est venu éblouir la prestation d’Yseult, qui a interprété « My way » de Frank Sinatra en guise de clôture de cette cérémonie. Johnny a allumé le feu au début, Yseult à la fin, et Léon et Teddy ont soufflé la dernière bougie… Les Jeux Olympiques sont finis, c’était court et intense, mais ça recommence avec les Paralympiques, alors rendez-vous le 28 août, même lieu, même heure, même spectacle !
Mention spéciale au karaoké collectif des 10 500 athlètes et du public (et des spectateurs devant leur télé), qui était, lui aussi, une des perfs’ les plus cools de cette cérémonie, avec Aznavour, Queen et les « nanana » iconiques de Gala. Il a même fait taire les commentateur‧ices. Preuve que la musique rassemble plus que tout, même lorsque s’enchainent Justice et Johnny Hallyday.