Les photos exposées sont celles de sa série Les Aveugles, qu’elle réinvente depuis 1986. Elle explore comment des non-voyants racontent la beauté, la dernière image qu’ils ont vue, les couleurs, etc.
À Arles, il y a une mairie. Sous cette mairie, il y a un réseau de galeries qui datent du Iᵉʳ siècle avant Jésus-Christ. Ces galeries, on y accède en empruntant un escalier en colimaçon, escarpé. Plus on descend, plus l’ambiance devient sombre et humide. On passe des flaques de boue, des gouttes (d’on ne sait quoi) tombent du plafond, on aperçoit du moisi sur les pierres…
C’est pourtant là que la (géniale) Sophie Calle -photographe, artiste plasticienne, réalisatrice et détective inimitable, a installé son exposition Finir en beauté, pour les rencontres photographiques d’Arles.
Au sol, se trouvent des photos et des objets que Sophie Calle ne s’est pas résolue à jeter, n’en déplaise aux Marie Condos : de vieilles clés accrochées, qui ont ouvert tous les lieux de sa vie mais qui aujourd’hui n’ouvrent plus rien, des santiags, des journaux intimes, des lettres d’amour…
“Je n’aurais jamais pu faire cette exposition ailleurs“
Les photos exposées sont celles de sa série Les Aveugles, qu’elle réinvente depuis 1986. Cette série explore comment des non-voyants racontent la beauté, la dernière image qu’ils ont vue, les couleurs, etc. Cette série, vous l’avez peut-être vue/expérimentée au musée Picasso à Paris, c’était à la rentrée dernière et on vous y avait emmené, dans notre matinale T’as vu l’heure ?.
Ce que vous ne savez pas c’est que, deux mois avant l’exposition, les œuvres ont été inondées, dans un dégât des eaux dans l’atelier de Sophie Calle. Les tirages des Aveugles ont bientôt commencé à pourrir. C’est pour cette raison que la salle des Aveugles au Musée Picasso n’était pratiquement faite que de textes.
Sophie Calle fait le deuil en mettant ces tirages en déclin dans le moisi de la crypte d’Arles, avec la certitude de les voir mourir ici. Elle dit être tombée sur un texte de Roland Topor qui racontait l’histoire de son vieux pull troué qu’il ne pouvait ni donner (car trop pourri), ni jeter (car il avait trop compté pour lui). Il a donc décidé de l’enterrer. C’est avec cette idée en tête que Sophie Calle nous surprend encore, dans cette crypte arlésienne, jusqu’au 29 septembre.