Comment comprendre le retentissement de l’effroyable affaire des viols en série qu’a fait subir Dominique Pélicot à sa femme, Gisèle Pélicot ? Il se pourrait qu’on assiste à un tournant de la lutte féministe.
Alors oui, “it’s raining ‘not all men’’”, comme plaisantait un tiktokeur l’année dernière. Les réseaux sociaux enflent de commentaires à base de « pas tous les hommes », un gimmick bien connu, venu des hommes incapables de comprendre les mécaniques de la culture du viol.
« C’est pas les mecs. C’est une partie des mecs », peut-on lire sur les réseaux, “c’est juste 51 mecs”, ou encore « Mais WTF, je vais pas m’en vouloir alors que j’ai rien fait ».
Pas tous, mais selon le violeur lui-même, Dominique Pélicot, seuls 3 hommes sur 10 ont refusé sa proposition de venir dans le foyer familial, violer sa femme. En d’autres termes, 70 % ont accepté, et aucun de ceux qui ont répondu ou vu l’appel n’a dénoncé le crime pendant toutes ces années.
C’est ce que souligne une vidéo, partagée par beaucoup d’hommes, qui n’étaient auparavant pas habitués à relayer des contenus militants contre les violences sexistes et sexuelles. Il s’agit du témoignage du journaliste Karim Rissouli, après l’émission C ce soir.
Contenu très partagé par des hommes, eux aussi, révulsés par l’affaire. Tout comme ces “10 conseils pour les hommes qui veulent être alliés », qui s’adresse donc à ceux qui se posent des questions sur la mécanique de la domination ceux qui ont compris qu’ils faisaient partie du problème, et donc, de la solution. Ce post Instagram est signé Morgan Noam, psychologue et personnalité publique qui a pris le micro le week-end dernier lors des manifestations en s’adressant aux hommes, les invitant à réagir, et agir sans prendre toute la place dans les rassemblements féministes, mais en s’éduquant, en re-travaillant ses comportements… Il partage une liste de livres, essais, BD, podcasts à écouter pour commencer à s’éduquer sur ces sujets.
C’est bien ce que pourrait aussi signifier cette affaire, un tournant dans la lutte féministe avec des hommes qui s’engagent et décident de reconnaitre qu’ils font partie du problème.
ll y a 46 ans, Gisèle Halimi faisait le procès du viol, en 2024, Gisèle Pélicot pourrait symboliser le procès de la culture du viol.