Des neuroscientifiques ont découvert que cette oeuvre stimulerait intensément notre cerveau. Un portrait littéralement hypnotique.
Voyez-vous « La Jeune Fille à la Perle » ? Ce tableau de Vermeer, célébrissime, déjà vu au cinéma incarné par Scarlett Johansson. Une figure féminine hypnotisante, vêtue d’une veste jaune à col blanc. Elle se détache sur un fond noir, de trois quarts dos. Coiffée d’un turban bleu et jaune, elle porte à son oreille : une perle. La jeune fille tourne son visage vers nous, la bouche ouverte, comme si elle s’apprêtait à parler, mais elle a à la fois l’air perdue dans ses pensées…
Ce portrait fascinant est devenu iconique. Banksy l’a revisité en le peignant sur un mur de Bristol, remplaçant la perle par un boîtier d’alarme fixé au mur (le titre devient « Girl with the Pierced Eardrum« soit « La Jeune Fille au Tympan Percé« , et c’est très drôle), la pop culture en a fait une mode, une icone. Mais pourquoi ce tableau est-il si hypnotisant ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre une enquête scientifique dont les résultats sont publiés aujourd’hui. Des conclusions aussi intrigantes que le regard de la jeune fille.
Capteurs oculaires et électrodes : que se passe-t-il dans notre cerveau face au tableau ?
Dans le cadre de cette étude, les neuroscientifiques ont placé des capteurs oculaires et des électrodes sur des spectateur‧ices pour mesurer leur activité cérébrale lorsqu’ils observent le portrait, puis devant les autres œuvres du musée de La Haye. Un phénomène curieux se produit alors : une « Boucle d’Attention Soutenue » (« Sustained Attentional Loop »). D’abord, notre regard est attiré par l’œil de la jeune fille, puis se glisse vers sa bouche, ensuite vers la perle, avant de remonter de nouveau vers l’œil, et ainsi de suite. C’est donc une boucle.
Sur-stimulation du « précunéus » : quelque chose de l’intime
« Vous êtes obligé d’être attentif, que vous le vouliez ou non » affirme l’un des chercheurs, qui a aussi découvert que les personnes qui s’attardent sur ce tableau reçoivent une forte stimulation du précunéus, la partie du cerveau qui gouverne la conscience et l’identité personnelle.
Un résultat toujours énigmatique, mais scientifiquement quantifié. D’autant plus que l’étude a aussi conclu que l’émotion ressentie par une personne faisant face à l’œuvre originale était dix fois plus forte qu’en observant une reproduction. Ce qui prouve dans le même temps l’importance de se rendre au musée pour contempler des œuvres originales : « Le cerveau ne ment pas », affirme Martine Gosselink, directrice du musée de La Haye.
Bientôt la Joconde
L’analyse scientifique de La Jeune Fille à la Perle est la première à mesurer l’activité neurologique face à une œuvre d’art et surement pas la dernière. Les neuroscientifiques veulent par exemple réaliser la même étude pour d’autres peintures célèbres, comme la Joconde de Léonard De Vinci.