Le 6 octobre 1889, le Moulin rouge ouvrait ses portes pour la première fois. Le 6 octobre 2024, le cabaret parisien soufflait donc sa 135ᵉ bougie.
Pour l’occasion, le Moulin Rouge a fait gagner à 135 chanceux‧ses le droit de pénétrer dans les coulisses de la mythique salle. Ou plutôt 138, parce que Nova aussi s’est incrusté, et avant tout le monde, en plus de ça.
Des plumes, des diamants, des projecteurs, du drapé rouge…. Partout autour de nous, la féérie d’un autre temps. Nous sommes au cœur d’un lieu plus que mythique de la capitale : Le Moulin Rouge. Le 25 avril dernier, les célèbres pales du cabaret, ses “ailes”, sont tombées sur le trottoir de Pigalle, mais le Moulin Rouge en a vu d’autres et continue de projeter ses néons rouges sur les pavés de Pigalle. Il était tout en beauté juste à temps pour l’été, le passage de la flamme olympique et les yeux ébahis des touristes venu‧es à Paris pour les Jeux. C’est toujours l’occasion d’aller faire un tour dans cet incroyable décor, pour le spectacle qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie.
Sous les colonnes rouges, danseurs et danseuses, artistes, flâneurs…
Dans un texte de 1925 d’un dénommé Henry Jacques, on lit qu’au Moulin Rouge, « sous les colonnes rouges, les solives peintes, dans ce décor de palais barbare, roulent les mêmes types, danseurs et danseuses liés ventre à ventre dans la communion du rythme, mecs et graines de mecs, combinards, vendeurs de neige ou de tuyaux, marchands de viande ou de plaisir, artistes, flâneurs, michetons, lames de fond que n’absorbe pas la grande houle humaine des étrangers curieux. À cet élément mâle s’enlace l’élément femelle, putains, demi-filles, bourgeoises, lesbiennes et brasseuses d’affaires. Tout se mêle, se fond et se confond dans le lent tourbillon qui, de la piste, gagne les pourtours et les promenoirs. »
Le décor du music-hall est presque identique que lors de sa création, en 1889. Il a traversé les Années Folles, a vu défiler le peintre Toulouse Lautrec, qui a brossé les portraits de Louise Weber aka «la Goulue», célèbre danseuse de (French) Cancan, mais aussi de l’immense Mistinguett, ou bien d’Edith Piaf, Yves Montand, Charles Aznavour, Charles Trenet, Bourvil, Line Renaud… Ce même cabaret joue aujourd’hui 2 grands spectacles par soir, intitulés “Féérie” pour, chaque fois, une foule ébahie de 850 personnes (ce qui fait environ 600 000 spectateur‧ices qui foulent le sol du Moulin chaque année).
Pas de montre, l’horloge est musicale
Radio Nova vous emmène dans les coulisses du grand show, qui démarre dès les premiers tintillements de la vaisselle lors de la mise en place : “On commence avec une musique douce, des bruits d’assiettes, de couverts, de verres” s’amuse Dominique Roux, chef de salle. La soirée est réglée comme du papier à musique. D’ailleurs, Dominique Roux n’a pas de montre “juste en entendant la musique, je sais où on en est.” En cuisine, l’équipe sait précisément quel plat envoyer en fonction du morceau qu’ils et elles entendent. Il s’agit d’être précis, “de faire accélérer les équipes ou pas.”
“Espagnol, italien, mandarin, japonais, jazz ou variété… On doit tout chanter, tout jouer.”
C’est Abdou Benjabe qui ouvre les festivités avec un premier concert à 19h15, pendant le dîner. Alors que les assiettes fument sur les nappes blanches élégantes, Abdou et les autres musicien‧nes entament la traversée d’un répertoire hyper varié. “On reçoit une clientèle internationale”, explique le chanteur, “donc il faut que l’on touche à tout. On va faire du jazz, de la variété, de l’espagnol, de l’italien, du mandarin, du japonais… On doit tout chanter et tout jouer.” Évidemment, Abdou Benjabe a du métier : il chante au Moulin depuis 21 ans. “Avant, j’ai fait du piano-bar, des concerts, des croisières…” L’orchestre du Moulin Rouge, c’était un rêve.
Une vingtaine de changements de costumes chaque soir
Un rêve que vivent aussi les 60 danseurs et danseuses, dont les jambes agiles se tendent et gambadent sous les rideaux de velours rouge, comme Cyrielle Vié. Elle a passé la (rude) sélection pour intégrer la troupe il y a deux ans. Depuis, c’est une véritable prouesse qu’elle réalise tous les soirs. “La journée type ? Elle commence à 13 heures avec le début de la répétition, jusqu’à 16h30. Puis il faut se préparer et à 20h30, une demi-heure d’échauffement final” avant… le grand show qui démarre à 21h. Enfin, le premier Grand Show, puisque après 1 h 30 intenses de spectacle (et une dizaine de changements de costumes pour celui-ci), c’est reparti ! Le show joue deux fois par soirée et les tableaux sont nombreux, avec chacun son décor et ses costumes. Des parures de plumes, de strass, de bijoux créés sur mesure par une incroyable équipe de stylistes, plumassiers, chausseurs, brodeurs… Un spectacle à voir au moins une fois dans sa vie, duquel les touristes de France, de Paris et du monde ressortent en fredonnant un joyeux : « C’est Féerique ! »