En sommeil depuis le décès tragique de Philippe Zdar, Cassius publie aujourd’hui son Best of 1996-2019 et annonce une tournée. Pilote du projet, Hubert Blanc-Francard, alias Boombass, revenait dans un communiqué sur les origines du duo et de la compilation.
Hubert Blanc-Francard, alias Boombass, faisait durer le suspens. Après un passage en mai au Nova Club, on l’a vu briller à la cérémonie des Jeux Paralympiques en septembre. Il a partagé les platines avec les copains Falcone et De Crécy et il était hier au Rex Club. C’est l’euphorie créée par chaque morceau de Cassius lancé sur les platines qui lui a donné l’envie de reprendre le projet. En sommeil depuis le décès accidentel de son ami et binôme artistique Philippe « Zdar » Cerboneschi en juin 2019, le projet emblématique de la French Touch est finalement réactivé. Boombass ré-enfile le costume de Cassius (un peu trop grand pour lui, dit-il) et publie un best of pour l’occasion. En effet, 25 ans après la sortie de 1999, premier album du duo de musique électronique, Cassius vient de publier sa première compilation « greatest hits », à l’ancienne, cette nuit. Sobrement intitulé Best of 1996-2019, le disque raconte 23 ans de musique en 20 titres, des classiques comme » I <3 U SO » jusqu’à « Dinapoly« , l’unique inédit du disque.
Boombass se souvient de New York
Dans un communiqué en forme de longue et émouvante lettre, Boombass se rappelle : “À la fin de l’été 1995, après des mois passés à New York, je rentrais à la maison. J’avais rapporté dans mes valises un sampler et des vinyles. Philippe, mes amis, Paris et le studio m’avaient manqué. Je ne le savais pas encore, mais ce séjour dans le berceau du hip-hop américain avait changé ma vie. J’y avais compris que je n’étais pas près de détrôner Dj Premier, Pete Rock, Timbaland et tous les autres, en essayant de faire la même chose. Et puis il y a eu ce déclic, en rentrant d’une nuit passée dans un club new-yorkais.” Le parisien a été marqué par ces moments passés à « passer des instrumentaux de maxis de rap américain en accéléré« , en 45 tours au lieu de 33. Philippe Zdar publiait alors l’unique album de Motorbass, son duo formé avec De Crecy…
Foxxy Lady et Dinapoly, deux Polaroid de l’entrée dans la trentaine
Dinapoly, titre jamais publié et enfin disponible à l’écoute avec Best of 1996-2019, est né durant cette période charnière, en même temps que Foxxy Lady, le premier hit house de Cassius. Boombass raconte leur genèse : « Pour fêter nos retrouvailles, nous avions enregistré [ces] deux morceaux un peu n’importe comment. Foxxy Lady et Dinapoly sont sortis en 1996, et sont comme deux photos Polaroid de notre proche entrée dans la trentaine. Ils résument les expériences et découvertes musicales de chacun, notre amitié, et la manière de faire que nous aurons avec Cassius durant les années à venir. »
Une disparition tragique
Bientôt Boombass et Zdar feraient naitre Cassius, et comme disent les ‘ricains : « The Rest Is History« . Boombass se rappelle aussi, dans la lettre qu’il joint au Best Of, la disparition de Philippe Zdar : “Deux jours avant la sortie de Dreems, notre dernier album, le temps s’est figé là aussi, mais d’une nouvelle manière. Tout s’arrêtait le temps d’un coup de téléphone, le temps d’un accident. Avec la disparition d’un proche, notre mémoire devient un univers hostile. La vie avait repris celle de Philippe, la mienne devenait un diaporama, sombre, sans fin et éreintant.”
« Une célébration de notre aventure m’a paru être un bon premier pas »
Des années plus tard, en 2024, Boombass réalise l’un des projets que son duo envisageait depuis longtemps déjà : un best of. À propos de cette compilation, il explique : “Parmi [les] projets jamais aboutis [de Cassius], l’idée d’un Best Of ou d’une compilation de nos « meilleures chansons » figure sur la liste. Il y a un côté à l’ancienne qu’on aimait bien. Une célébration de notre aventure m’a paru être un bon premier pas dans cet habit de Cassius encore un peu large.”
« See Me Now », le morceau clé
Écrit et chanté par Zdar pour son père décédé, figurant sur l’album 15 Again, « See Me Now » s’est imposé à Boombass comme un titre indispensable de la compilation. À propos de ce morceau, il explique : « [C’était lors] d’une soirée chez Thomas Bangalter. […] Il avait installé ses synthés sur une mezzanine, et il y en avait un en particulier qui m’attirait l’œil. » Cet instrument, c’était une Yamaha CS60. Coup de foudre immédiat pour Boombass. « Né d’expérimentations avec le Yamaha CS80, 20 Years qui figure sur l’album Au Rêve, est la première chanson que Philippe chantait sérieusement avec Cassius. Un sample répétait inlassablement « How do you see me now ? » et il a sorti un carnet en cuir souple où étaient notées des ébauches de paroles. » continue Boombass.
Ce morceau constitua la base de « See Me Now« . Boombass développe : « Après vingt ans sans lui, le fils se demandait si son père était fier du chemin parcouru. Guy-Man (des Daft Punk) et Éric Chédeville la remixeront, et la nouvelle version se retrouvera sur notre troisième album 15 Again, sous le titre de « See Me Now »« .
Des concerts et des événements à venir
Ce qui est sûr, c’est que Cassius continue. Pour les fous du disque, Boombass met un bout de sa discothèque en vente ce samedi et il y a plus de 1000 vinyles à choper. Ça se passe chez HARK Records, dans le 11ᵉ arrondissement de Paris ! Autre rendez-vous à ne pas manquer : le Cassius Club. Pour ce concept voué à tourner dans les clubs du monde entier, Hubert sera entouré par ses nombreux amis, mais aussi par des nouveaux talents. La première, c’était avant-hier au Rex Club à Paris.
Enfin, on ne voudrait surtout pas vous laisser sans vous informer que Boombass est l’invité du Nova Club ce soir, à 20h22h.