Comme d’hab, Nova revient chaque semaine sur un album culte. L’heureux élu de cette série hebdomadaire fête ses 10 ans. Il a été façonné par un dandy anglais qui a quelque chose de Gainsbourg, en moins crade, en plus electro-pop au soleil.
C’était le 20 octobre 2014 que Baxter Dury publiait It’s a Pleasure, un petit bijou d’électro-pop qui est l’album de la semaine de Nova. Un choix qui s’est révélé rapidement évident, puisque quelques jours avant la sortie de ce disque, l’artiste britannique était de passage dans les Nova Sessions.
Sortir de l’ombre du paternel
Il faut savoir que faire de la musique quand on s’appelle Dury, c’est comme faire du ciné quand on porte le nom de Godard. Baxter a cependant réussi, par la force de son talent, à déjouer les pronostics inévitables attribués aux enfants d’artistes célèbres : il a brillé dans l’ombre de son père Ian, icône punk. C’est à partir de son troisième disque, Happy Soup (2011), que Baxter Dury, déjà âgé de 40 ans, a vu son talent reconnu aux yeux du monde. Mais nous, on préfère plutôt s’intéresser à It’s a Pleasure, le long-format suivant du songwriter. L’album suit la même recette : ce personnage un peu gauche, un chant mâché, les chœurs pop féminins et une pointe de mélancolie dans les ballades.
Des histoires d’inadaptés sur de la pop ensoleillée
L’album est peuplé de personnages, comme celui de « Palm Trees« , qui constitue un formidable exemple de cette formule. Baxter Dury est accompagné par la voix de la parisienne Fabienne Debarre, qu’on retrouve tout le long du disque, presque comme un duo. Ce titre, c’est en trainant dans un centre commercial près de chez lui que l’artiste en a l’idée. C’est l’histoire de la petite amie d’un homme violent qui travaille dans ce grand mall et passe sa journée à regarder des faux palmiers. Selon l’originaire de Wingrave, qui explique avoir beaucoup réfléchi aux paroles pour It’s a Pleasure : “C’est la seule vie dont elle dispose : un paradis artificiel mais une vie de merde.”
On trouve au sein de l’album « des portraits crus d’inadaptés, de gens qui n’arrivent plus trop à suivre…« . Des êtres marginaux, comme Baxter Dury sur « Police« . Une histoire de voisine de palier qui lui envoie la police quand il joue du Elton John sur sa batterie dans son appart du centre-ville. Baxter Dury a d’ailleurs terminé It’s a Pleasure à la boite à rythme, après s’être embrouillé avec son batteur qu’il ne pouvait plus payer. Curieusement, le disque a été à l’origine d’une trend qui amenait les fans à se photoshoper à la place du duo devant le cygne blanc de la pochette.
Des disques et des collabs
Le crooner anglais emprunte parfois un ton à la Gainsbourg. Ce n’est donc peut-être pas une coïncidence si c’est It’s a Pleasure qui a fait le succès de Baxter Dury en France… Prince of Tears, album en forme de cœur en miettes, a succédé au projet en 2017. L’artiste a même trouvé le temps de collaborer avec Fred again sur le merveilleux « These Are My Friends« (2021). I Thought I Was Better Than You, paru l’année dernière, est quant à lui le dernier disque de Baxter Dury en date.