L’artiste palestinien Bashar Murad « n’aurait pas dû être invité » selon le gérant de l’incontournable scène du quartier de la Bastille. En signe de protestation contre ce qu’ils jugent être une “entrave légitime à la liberté d’expression”, les salariés de la salle ont organisé une grève ce lundi.
Le Café de la Danse est dans la tourmente. L’incontournable salle de concert du quartier de la Bastille, à Paris, a décidé de refuser de faire monter sur scène des artistes israéliens et palestiniens. L’annonce a été faite quelques jours après le concert de l’artiste Flèche Love, dont la première partie était assurée par le chanteur palestinien Bashar Murad. “Le Café de la Danse a essayé de me censurer” a-t-il clamé sur scène…
Séparer la politique de l’artiste
Flèche Love raconte l’affaire sur ses réseaux sociaux, mentionnant une clause du contrat avec la salle qui interdit toute manifestation politique sur scène. Elle explique que les gérants de la salle lui ont signifié, le jour du concert, que la présence de Bashar Murad « les inquiétaient« , affirmant “qu’ils surveilleraient particulièrement son concert, et qu’ils mettraient fin à la soirée à la moindre évocation de la situation en Palestine”.
Qu’à cela ne tienne : Flèche Love a fait monter Bashar sur scène à la fin de son concert pour chanter le morceau « It’s A Hell », un appel à la paix en Palestine.
« Il n’aurait pas dû être invité »
Loïc Barrouk, gérant du Café de la Danse, précise à Télérama que Bashar Murad « n’aurait pas dû être invité », mais qu’il a appris qu’il était Palestinien la veille du concert seulement. Le lieu culturel s’est fendu d’un communiqué pour justifier sa décision : “Nous ne voulons pas que Le Café de la Danse devienne une tribune, ou pire, un lieu d’affrontements”, ajoutant : “Nous déplorons toutes les victimes de guerres et d’attentats terroristes et prions pour la paix”. À noter que la clause apolitique n’existe que depuis quelques mois dans les contrats de production du Café de la Danse…
Pour les salariés, c’est la grève générale
Le communiqué a provoqué l’ire des salariés de la salle de concert, qui ne sont pas tous et toutes en accord avec cette décision. Leur propre communiqué est donc venu annoncer une grève sur la journée du lundi 21 octobre : “Des tensions persistent entre une partie des salariés et la direction […] nous considérons que la parole sur la scène du Café de la Danse doit rester libre et que la seule entrave légitime à la liberté d’expression est celle consacrée par la loi.”
La « neutralité » a bon dos
Dans le communiqué, Le Café de la Danse argue une “démarche de neutralité et de paix”. Un message qui rappelle une certaine neutralité journalistique. Beaucoup d’artistes assènent plutôt qu’il est impossible de séparer la politique de l’art : “En tant que Palestinien, je n’ai pas le luxe d’être politique ou pas », affirme Bashar Murad.