De la fusion entre l’électronique et la pop à la techno, en passant par le hip-hop et David Bowie, Kraftwerk a à peu près influencé toute la musique contemporaine du XXᵉ et XXIᵉ siècle. En 1974, la formation allemande publie Autobahn, leur premier classique, totalement visionnaire. Inventé dix ans plus tôt, le synthétiseur Moog, fondateur du son Kraftwerk, est célébré cette année à Liverpool.
Ce n’est pas pour rien que Kraftwerk a décidé de renier leurs trois premiers projets pour affirmer qu’Autobanh était le tout premier album de leur discographie. Il faut dire que la trilogie musicale des débuts de Ralf Hütter et Florian Schneider (publiée entre 1970 et 1973), bien que visionnaire à bien des égards, ne donnait à entendre qu’un embryon de l’œuvre des hommes-machines à en devenir.
Rouler des mécaniques
Le 1ᵉʳ novembre 1974, soit il y a environ 50 ans, la sortie d’Autobanh marque en tout cas un tournant, pour Kraftwerk, qui s’éloigne définitivement des rythmiques krautrock pour commencer l’exploration électronique multi-pistes… C’est le début d’une renommée plus qu’historique et d’une révolution musicale. On a eu un petit débat à la rédaction de Nova pour déterminer quelle pochette de l’album était la plus intéressante à vous montrer : c’est finalement l’illustration minimaliste de la réédition de 2009 qui a conquis la majorité, mais on vous partage quand même la cover originale pour satisfaire votre curiosité.
Moog et boîtes à rythmes : les stars du futur
Le titre éponyme de l’album, « autoroute » en français, est la pièce maîtresse évidente du projet. Fleuve synthétique, de vingt-deux minutes, basé sur un refrain hyper entêtant qui rappelle un peu les harmonies ensoleillées des Beach Boys. Le titre est à l’image du disque : chelou, très répétitif, et surtout incroyablement novateur à une époque où le mariage entre pop et musique électronique n’était pas encore consommé. Kraftwerk débarque comme un ovni en se débarrassant des guitares, batteries et autres chanteurs charismatiques : les stars du futur, ce sont les synthés Moog et les boites à rythmes.
Sur Autobanh, la formation allemande alterne entre musique psychédélique, synth pop légère et plages électroniques sombres, en recréant la sensation de filer sur une autoroute allemande. Hütter se souvient que sa Volkswagen Coccinelle lui avait coûté aussi cher que son synthétiseur Minimoog à l’époque : « Je devais avoir ce synthétiseur, et je voulais cette Volkswagen – les deux symbolisaient la liberté pour moi.«
Kraftwerk sur l’autoroute du succès
Après la publication de leur premier disque « officiel« , s’ouvre enfin l’autoroute du succès (critique comme commercial) pour Kraftwerk. Les originaires de Düsseldorf enchaînent classiques sur classiques en à peine sept ans : Radio-Activity, Trans-Europe Express, The Man-Machineet Computer World. Les influences synthétiques du groupe continuent d’évoluer, en intégrant des sonorités disco, électro et même proto-techno.
Une influence infinie
Plus de cinquante ans après leurs débuts, Kraftwerk continuent de créer à travers leurs concerts en 3D, décrits comme une véritable « Gesamtkunstwerk » (« une œuvre d’art totale« ). Les allemands font partie des noms les plus samplés de l’histoire de la musique : du pionnier du hip-hop Afrika Bambataa (l’iconique « Planet Rock ») à la formation de stoner metal Egypt Lover, en passant par Giorgio Moroder, David Bowie, la techno de Détroit des 80’s, et bien sûr, nos artistes actuels. Leur répertoire a été aussi beaucoup repris, jusqu’à des interprétations complétement loufoques de « Authobanh », version Señor Coconut.
La machine des hommes-machines a 60 ans : c’est l’anniversaire du Moog
Authobanh ne souffle pas sa 50ᵉ bougie électronique tout seul : c’est aussi le 60ᵉ anniversaire de la machine à l’origine de sa conception, le synthétiseur de Robert Moog. C’est la première fois que l’instrument révolutionnaire était présenté au public à la “Convention New Yorkaise de la société de l’ingénierie audio”. Liverpool célèbrera le Moog en grandes pompes, au Capstone Theatre, avec un tas d’installations sonores, de concerts et une soirée de clôture en hommage à… Autobahn.
Wendy Carlos, la pionnière
Le Moog a été le premier synthétiseur commercial et a atteint le grand public avec Switched-On Bach, un album de compositions du grand compositeur baroque, arrangées par la grande Wendy Carlos en 1968… L’instrument a également été utilisé pour la bande sonore de l’alunissage d’Apollo 11 l’année suivante.
Il était une fois Thierry Planelle et Kraftwerk…
Nova se rappelle l’année 1990, lorsque Thierry Planelle était parti à Düsseldorf, aux Kling Klang Studios pour interviewer Kraftwerk dans une émission spéciale. On ressort cet épisode dingue qui trainait dans nos archives, vous la trouvez dès maintenant dans nos Hors Série Nova, sur toutes les plateformes de podcast.