Fin octobre, Tyler, The Creator, choquait tout le monde en sortant Chromakopia, presque par surprise. Alors que son public se languissait d’un nouveau projet, l’artiste sort son huitième album studio le 28 octobre 2024, via Columbia Records, quasiment sans promo préalable.
L’album se présente comme une rupture : Tyler, The Creator brise le cycle des sorties d’albums tous les deux ans. Le rappeur s’affiche aussi à contre-pied d’une industrie musicale où il est devenu monnaie courante de multiplier les sorties de singles et les coups de promo longtemps à l’avance, pour faire monter la sauce avant la sortie d’un album. Lui, balance son projet seulement dix jours après la publication de « St Chroma », comme pour nous dire : « Surprise ! Allez dégustez ».
Dans cet album, un morceau ressort particulièrement. En collaboration avec Teezo Tuchdown, « Darling I » pourrait être le meilleur titre du projet. Premièrement parce que le morceau est construit comme un cheval de Troie. Si le flow évoque directement le R&B de lover des années 2000, ne serait-ce qu’avec le refrain « Darling, I keep falling in love », il ne faut pas se laisser avoir. Une deuxième lecture s’impose.
Avec les paroles « See monogamy, that shit is not for me » (« la monogamie, c’est pas pour moi ») on comprend que le « keep falling in love » (« je n’arrète pas de tomber amoureux ») concerne plusieurs personnes. Si le créateur ne cesse de tomber amoureux, c’est parce que seule la musique peut lui apporter ce dont il a besoin « Nobody can fulfill me like this music shit does » (« personne ne peut me combler comme la musique peut le faire« ). Quand le rappeur se voit avoir des enfants avec une fille qu’il aime, une autre le distrait aussitôt. Ce qui lui reste ? Ses voitures de luxe, symboles de sa réussite » I feel safe in the Rolls, big boy when I drive » (« je me sens à l’abri dans une Rolls, grand garçon quand je conduit« ).
Si Tyler, The Createur ne cherche pas une personne qui comblerait tous ses besoins c’est parce qu’il est convaincu de la nature imparfaite de l’être humain, lui le premier. « Darling, I » se démarque comme un titre ambigu qui balance entre la douceur et la chaleur de la composition musicale et les paroles amères d’un homme désabusé.