Michel-Ange était sculpteur, en tout cas, c’est ainsi qu’il se déclarait. Pourtant, ce sont ses peintures qui ont surtout marqué l’histoire : le plafond de la chapelle Sixtine au Vatican, inauguré en 1512, en est l’exemple le plus signifiant. On croyait tout savoir de ce chef-d’œuvre, jusqu’à la publication d’une nouvelle étude par la revue The Breast. Ses conclusions sont inouïes.
Au XVIᵉ siècle, Michel-Ange signe la fresque du plafond de la chapelle Sixtine, chef-d’œuvre absolu de la Renaissance italienne et réalisation artistique majeure de l’art occidental. Gigantesque, la peinture murale mesure 500 mètres carrés et présente une décoration complexe dans laquelle évoluent 350 personnages ou figures, dont une femme aux seins nus, dans la scène biblique du Déluge.
Cancer, quand c’est ?
Drapée d’un tissu bleu qui recouvre sa tête et son ventre, cette femme est allongée par terre avec un enfant qui pleure dans son dos. Elle tient le tissu avec l’une de ses mains, et pointe un doigt vers le sol avec l’autre. D’après une nouvelle étude de la fresque de Michel-Ange, menée par des experts de l’Université Ludwig-Maximilians de Munich et de l’Université Paris-Saclay et, publiée dans la revue The Breast, ce mystérieux personnage féminin va mourir d’un cancer du sein.
Une découverte inhabituelle
C’est la première fois que la femme au vêtement bleu est étudiée avec autant de précisions. Selon les historiens, la couleur bleue du tissu dans lequel elle est drapée désigne un statut de femme mariée et le doigt qu’elle pointe vers la terre fait référence à un retour imminent à la poussière. Mais ce qui a interpellé le plus les chercheurs, c’est que la poitrine de cette femme présente, ou présenterait, des caractéristiques physiques inhabituelles dans l’œuvre de Michel-Ange, qui savait très bien peindre les seins. Ces particularités ne seraient rien d’autre que celles d’un cancer du sein dans un état avancé.
Michel-Ange, artiste-anatomiste virtuose
C’est en comparant les seins (le gauche, notamment) de cette femme avec d’autres figures de la fresque que les chercheurs ont abouti à cette conclusion. La rétraction de la peau au niveau de l’aréole, ainsi que les subtiles grosseurs sous l’aisselle et sur le côté droit en haut du sein gauche marqueraient les caractéristiques d’une tumeur maligne. Toutes ces hypothèses se tiennent parfaitement, car Michel-Ange n’était pas du tout étranger à la mort et à la maladie. Contrairement à de nombreux artistes de son époque, qui ont perfectionné leur travail en observant des modèles vivants, l’italien assistait déjà à des autopsies afin d’observer le fonctionnement mécanique des corps… Un peu comme son rival, Léonard de Vinci, qui disséquait lui-même les corps pour approfondir ses connaissances anatomiques.
Expression du deuil ou dénonciation de la décadence humaine ?
Reste à savoir pourquoi Michel-Ange aurait représenté une femme sur le point de mourir d’un cancer du sein. Ce pourrait-être une référence à sa mère, décédée jeune, et l’enfant en pleure derrière elle pourrait-être tout simplement le peintre lui-même. Il existe une deuxième hypothèse, qui tient tout autant la route, comme quoi Michel-Ange ferait référence à la décadence humaine. L’artiste originaire de Toscane était très influencé par le néoplatonisme, courant de pensée selon lequel la quête de la beauté et de l’harmonie pouvait mener à l’immortalité, tandis que la défiguration physique ou la maladie était une expression de l’abîme spirituel. La vue de la poitrine malade de cette femme pourrait donc être un avertissement pour les spectatrices et spectateurs…