Pendant que la Corse prend le maquis pour raconter ses gangsters, Hollywood restreint l’accès à l’arène de son nouveau péplum.
« Le royaume » : le requiem de gangsters « made in Corsica »
Et si le cinéma français allait vers une certaine idée d’appellation contrôlée ? Depuis quelque temps maintenant, il est devenu acquis que le terme de territoire a quasiment remplacé celui de régions. Ça fait plus noble, mais surtout, ça commence à donner des idées à des cinéastes qui intègrent pleinement à leur récit, des endroits, une terre. Ainsi, le principe d’un cinéma « made in Corscia » creuse son sillon. Récemment, c’était À son image qui entremêlait parcours d’une photographe et histoire de l’île de beauté, aujourd’hui voici Le royaume, immersion dans un clan vu par le prisme de la fille d’un de ses parrains, qui va devoir accompagner son père dans une fuite en avant. Julien Colonna propose tout autant à son film de prendre le maquis en racontant la Corse et ses complexités sans jamais s’aventurer sur le terrain du politique. Le royaume se concentrant sur des liens du sang qui vont épaissir une vendetta. Et à travers ce duo père-fille qui s’apprivoise tout en voyant les cadavres s’amonceler autour d’eux, faire le constat d’un cycle de la violence qui se perpétue, devient un héritage tragique de générations en générations. Si Le royaume, film de gangsters antispectaculaire mais d’une rare puissance pour s’infiltrer dans l’intimité, tient d’un requiem, il est aussi celui d’une naissance : celle de Ghjuvanna Benedetti, renversante apparition d’une actrice de caractère.
Gladiator II : les tristes jeux du cirque hollywoodien
Bien loin de la Corse, il y a un autre royaume, celui du cinéma hollywoodien. Où quelque chose est en train de pourrir. J’aurais adoré évoquer la sortie de Gladiator II, la sortie maousse de cette semaine, ce ne sera pas le cas, faute d’avoir eu accès à ses projections presse, verrouillées à l’extrême par son distributeur. Une tendance qui s’amplifie, les grands studios américains décrétant de plus en plus, comme un empereur romain selon son bon plaisir, quel média est digne ou non de voir leurs films, estimant qu’une campagne d’affichage maousse et des tapis rouges d’avant-premières commentés par des influenceurs sont plus profitables qu’une chronique. Paul Mescal est-il donc un successeur notable de Russell Crowe dans le nouveau néo-péplum signé Ridley Scott ? Cette suite était-elle nécessaire ? Aucune idée. À l’inverse, il est certain que les relations entre ces studios et la presse cinéma tiennent désormais de tristes jeux du cirque, ouvrant une arène où les combats vont être rudes.
Le royaume / Gladiator II. En salles le 13 novembre.