Polluer et être à l’heure ou ne pas polluer et être à la bourre ? Pour 0,003% de la population, la réponse est toute trouvée : le jet privé, c’est le must. Le problème, c’est qu’une étude publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment, indique que le bilan carbone de ce mode de transport pour (très) privilégié explose littéralement.
À votre avis, quel est le pourcentage de la population mondiale qui a accès aux jets privés ? Ce sont évidemment les millionnaires et milliardaires, les ultra-riches, les plus riches des riches de la population mondiale. Autrement dit, une infime partie de l’humanité (0,003% pour être précis). Sauf que c’est déjà beaucoup, puisque le peu de personnes qui empruntent ce mode de transport très énergivore l’utilisent de plus en plus. Résultat, le bilan carbone des jets privés explose littéralement…
15,6 millions de tonnes de CO2 émis en seulement un an
Les chiffres sont vertigineux. Une étude publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment a analysé les données de 19 millions de vols privés, réalisés par près de 26 000 jets privés entre 2019 et 2023. Les chercheurs ont calculé leurs émissions en fonction de la durée et de la trajectoire des vols, ainsi que du taux de consommation de carburant de chaque modèle d’avion. Tous les modèles polluent, mais certains polluent beaucoup plus que d’autres. Le résultat, sans appel, montre que l’aviation privée a engendré l’émission d’environ 15,6 millions de tonnes de CO2 simplement l’an dernier, soit une moyenne d’environ 3,6 tonnes par vol. Cela équivaut à environ 1,8% du total des émissions produites par l’aviation commerciale en 2023…
Des trajets bien peu nécessaires…
Selon ces mêmes chercheurs, près de la moitié des vols privés entre 2019 et 2023 ont été effectués pour des trajets de courte durée (parfois moins de 150 km, voire moins de 50 kilomètres) qui auraient donc très facilement pu être réalisés en voiture. En outre, nombre de ces vols étaient à vide, pour des livraisons ou pour récupérer des personnes…
Quand et où partent les jets privés ?
L’étude s’est aussi intéressée aux saisons ou moments de l’année durant lesquels les pics d’émissions de CO2 sont plus importants. C’est surtout l’été que les jets privés sont utilisés, tout particulièrement durant les week-ends, vers des destinations comme Ibiza, l’Espagne, et Nice, donc des déplacements liés très certainement aux loisirs. Et puis il y a les grands évènements qui, eux aussi, drainent beaucoup de trajets en jets. On peut donner comme exemples notables le Super Bowl aux États-Unis, le Festival de Cannes en France, la Coupe du monde de football au Qatar, qui aurait mobilisé 1846 vols de jets privés pour une production totale de 14 700 tonnes de carbone et enfin… la COP28 à Dubaï. En effet, la conférence des Nations unies sur le changement climatique aurait ironiquement mobilisé 291 vols privés et produit 3800 tonnes de carbone…
Les jets privés : une obsession américaine
Terminons cet article en vous informant qu’aujourd’hui, la majeure partie du trafic aérien privé et environ 69% de tous les jets privés proviennent des États-Unis, qui n’abritent pourtant que 4% de la population mondiale…