“Il est temps de se réveiller !” Voilà le constat sans appel de la Ligue de Protection des Oiseaux après que l’association ait annoncé la disparition officielle du Courlis à bec grêle, inscrit sur la liste des espèces menacées. Une actualité macabre, qui résonne avec le travail de la grande Björk, qui a récemment investi les couloirs du Centre Pompidou pour donner la parole aux animaux disparus…
Plumage clair, bec courbé, le Courlis à bec grêle est une espèce d’oiseau migrateur qui s’est officiellement éteinte depuis quelques jours. Le volatile rejoint le dodo de l’île Maurice ainsi que les 130 000 autres espèces disparues depuis le début de la révolution industrielle (soit 7% de la faune mondiale).
Pour la Ligue De Protection Des Oiseaux, un “signal d’alarme” d’une “longue série macabre”
Classé comme menacé depuis la fin des années 80, le Courlis à bec grêle n’avait plus été observé depuis plus de 25 ans. Plusieurs équipes de chercheurs des équipes sont parties à sa recherche après qu’il ait arrêté de revenir à sa résidence secondaire hivernale, à Merja Zerga, au Maroc. Mais rien. Les conclusions sont sans appel : « Il y a une probabilité de 96% que le Courlis à bec grêle n’existe plus« .
C’est la première fois qu’un oiseau continental disparaisse de la zone paléarctique occidentale, c’est-à-dire de l’Europe, l’Afrique du Nord, et l’Asie occidentale. Pour la Ligue De Protection Des Oiseaux, c’est un “signal d’alarme” d’une “longue série macabre”, puisque les populations de bêtes communes comme les moineaux, les hirondelles ou les hérissons s’effondrent déjà. L’association en a profité pour rappeler la mollesse de la COP16 colombienne sur la biodiversité…
Avec son « Nature Manifesto » Björk ressuscite les animaux menacés ou disparus
Cette disparition inquiétante ne peut que faire écho à cette installation sonore fascinante imaginée par Björk (avec le directeur artistique Aleph), dans la Chenille du Centre Pompidou de Paris. Baptisé « Nature Manifesto » (“Manifeste pour la nature” en français), cette installation a été réalisée en collaboration avec l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam). Une bande sonore fabriquée avec un logiciel d’intelligence artificielle donne la parole à des animaux menacés ou disparus en fusionnant leurs cris avec la voix de Björk lisant son manifeste.
Björk écrit : “dans l’esprit de ces animaux, dans la magie de la façon dont ils sont sensuellement alignés avec leur environnement, ils deviennent nos enseignants ! Leurs fantômes nous rappellent qu’il faut améliorer notre vigilance primordiale.” En parcourant les artères de l’escalator du musée parisien, le public assiste donc à une sorte de dialogue abstrait entre ces espèces qui ne sont plus et la voix humaine.
Un engagement constant pour défendre la biodiversité
L’engagement écologique de Björk n’est plus à démontrer. Il y a un peu plus d’un an, l’artiste irlandaise collaborait avec Rosalía sur le morceau « oral« , dans l’objectif de lever des fonds pour lutter contre l’aquaculture en Islande. Plus récemment, à l’occasion de son « Nature Manifesto« , Björk a appelé sur ses réseaux sociaux à soutenir l’association BLOOM, portée notamment par Claire Nouvian, qui œuvre contre les pratiques destructrices de la pêche industrielle, en particulier le chalutage de fond. Björk explique : « L’intention avec ce Manifeste pour la Nature au Centre Pompidou n’était pas seulement pour nous rappeler de maintenir de notre profonde connexion avec la nature. Je [voulais] aussi passer à l’action, alors j’ai contacté de jeunes écologistes en Islande et en France ».
A l’image de Fossora, le dernier album de Björk, à l’inspiration fongique, ce « Nature Manifesto » est une nouvelle œuvre impactante de l’iconoclaste islandaise à écouter avec le cœur au Centre Pompidou, jusqu’au 9 décembre prochain.