« Let It Bleed » souffle sa 55ᵉ bougie. 8ᵉ album des Rolling Stones, peut-être leur plus grand chef-d’œuvre, au moins une pièce fondamentale de leur discographie, il présente des incontournables absolus, comme “Gimme Shelter”. Publié en pleine guerre du Vietnam, le destin du disque s’est retrouvé lié à celui du Altamont Speedway Free Festival, festival-catastrophe charnière de la culture pop…
Exile on Main Street, Sticky Fingers et… Let It Bleed. Voilà, généralement, les trois lauréats qui composent le podium des meilleurs albums des Rolling Stones. Vous pouvez bien sûr mettre ces disques dans l’ordre que vous voulez, pour Nova, c’est Let It Bleed qui mérite la première place. Les mauvaises langues diront peut-être que c’est aussi parce qu’on célèbre en ce moment les 55 ans de cet album légendaire, et que nous ne faisons que justifier ce sujet…
Le chef-d’œuvre mythique d’un groupe mythique
Sauf que ce n’est pas le cas, parce que Let It Bleed est évidemment, définitivement, sans aucun doute, un disque mythique. C’est le 8ᵉ album des Rolling Stones, sur une discographie fleuve de 24 long-formats (que la formation britannique allongeait encore avec Hackney Diamonds, il y a un an !). Instantanément reconnaissable, ne serait-ce qu’avec sa pochette surréaliste en forme de gâteau-pneu-vinyle foutraque réalisée par Robert Brownjohn, Let It Bleed est publié fin 1969, en pleine guerre du Vietnam.
« Gimme Shelter » et la malédiction du Altamont Free Concert
Mettons-nous seulement à la place de ces premiers acheteurs de Let It Bleed, probablement des jeunes anglais prêts à en découdre, qui posaient sur leur platine le vinyle tant convoité, avant de se prendre l’incendiaire « Gimme Shelter » en pleine gueule…
C’est ce titre qui allait symboliser quelques semaines plus tard le drame du Altamont Free Concert. Conçu par les Rolling Stones comme un concert gratuit, organisé dans la foulée de la sortie de Let It Bleed, le rendez-vous musical fut une catastrophe absolue qui se soldait par la mort de 4 personnes. Jean Rouzaud revenait en 2017 sur cet événement charnière de la pop culture, tragédie qui signait instantanément l’épilogue de l’utopie Peace & Love des 60’s. Plus récemment, Nova se replongeait à nouveau dans l’histoire de ce fiasco, et du rôle qu’avait eu le gang des Hells Angels dans ce festival maudit…
Adieu, Brian Jones…
Au-delà de ce « Gimme Shelter« , l’intégralité de cet album est d’une cohérence imparable, rarement vu sur d’autres disques des Rolling Stones, sauf peut-être le précédent Beggars Banquet paru moins d’un an auparavant. Let It Bleed signe aussi le départ de Brian Jones, le meilleur Stones selon les puristes. Il sera remplacé par Mick Taylor, avant de se noyer dans sa piscine quelques mois plus tard et de rejoindre le fameux club des 27. Une mort en forme de prélude, puisque la mort du musicien sera suivi un an plus tard par celle de Jimi Hendrix et de Janis Joplin.
Tous auraient bien voulu voir ce que ces artistes auraient fait s’ils n’avaient pas été victimes des ravages de la drogue, mais, comme le dise si bien les Rolling Stones, « You Can’t Always Get What You Want« …