C’est a priori une des formes d’art la plus simple : le stand-up, c’est une personne, seule, sur scène, avec un micro. Pas de décor, juste une conversation avec le public. Une nouvelle série Arte retrace l’histoire de cette pratique… qui n’a de simple que l’apparence. Derrière les blagues, un parcours fascinant de cette discipline consciente, et donc terriblement importante.
N’importe qui peut être sérieux, mais tout le monde ne peut pas être drôle. L’humour est pourtant une forme d’art qu’on ne considère pas toujours à sa juste valeur, alors que c’est une discipline qui a conquis le monde. Le métier est passé des sous-sols de clubs crasses des États-Unis aux belles salles parisiennes ou aux plateformes mondialisées d’internet. Aujourd’hui, il est possible de se mater un seul en scène américain depuis son canapé sur Netflix ou YouTube, et de découvrir des jeunes humoristes sur Instagram ou TikTok. Sur Arte, une série documentaire en 3 chapitres, baptisée « Stand-up, la rage de rire« , retrace l’histoire de cette rage de rire.
Le stand-up : une discipline contestataire par essence
Le documentaire d’Arte construit un parcours à travers les âges d’un stand-up par essence contestataire, depuis les premiers comedy clubs, il y a 150 ans, et la fascinante Phyllis Diller, l’une des premières standuppeuses connues aux États-Unis, qui a d’ailleurs eu son personnage dans les Simpson. À une époque où il était impensable qu’une femme convenable puisse être drôle, Phyllis Diller se camouflait dans des déguisements de fourrures invraisemblables, pour faire oublier son corps.
Le travail d’archives remarquable de la série nous trimballe ensuite au premier comedy club d’Eddy Murphy, devant un sketch de Jim Carrey en 1991. Des humoristes américains et français se pointent, comme Doully (qui était l’invitée du Score de Charline Roux cet octobre), Haroun, Tania Dutel ou Blanche Gardin.
Une discipline engagée, entre blagues, tribune politique et confidence intime
On croise aussi la route d’humoristes de Palestine, de Singapour, des russes, des israéliens, des roumains, des ukrainiens… Ce n’est pas anodin, puisque la série s’intéresse aussi à la place de l’humour dans des pays autoritaires, lorsque les humoristes et les blagues sont confrontés à la guerre. Le stand-up affronte alors le monde avec son sens de la dérision et des expériences personnelles, dans toutes les langues. La série analyse avec justesse ce mouvement très récent de stand-up moderne, numéro d’équilibriste entre blagues, tribune politique et confidence intime… L’année dernière, Ségo Raffaitin partait justement en reportage pour rendre visite à un collectif d’humoristes particulièrement engagé‧es sur les questions écologiques : le Greenwashing Comedy Club !
Le Jamel Comedy Club : le rire façonné par et pour les minorités
Le documentaire poursuit en évoquant l’importance du rire et la place des femmes dans les blagues et sur les scènes. On y raconte le passage d’un stand-up qui riait des minorités à un stand-up façonné par et pour les minorités, l’époque du Jamel Comedy Club de Jamel Debbouze constituant un véritable tournant. Culte, le club est né juste après les émeutes de 2005, à la suite de la mort de Zyed et Bouna. Dans une période de discours sécuritaires abondants et très stigmatisants, le Jamel Comedy Club faisait monter tout le monde sur scène.
« Stand-up, la rage de rire » : et on en redemande !
Aujourd’hui, l’histoire continue de s’écrire : d’autres formes de spectacle de stand-up encore plus politiques et emprunts de rage sont en train d’émerger, de même que de nouvelles performances… Le seul reproche que l’on pourrait faire à cette série est qu’on aimerait qu’elle continue !
Stand-up, la rage de rire, c’est signé par le documentariste Guillaume Orignac et c’est sur Arte dès maintenant !