J’écris donc je bois et je bois donc je suis et je suis donc j’écris… mince suis ivre
Hier au soir à la maison Nova il y avait David Simon, le créateur de the Wire, Treme et ecrivain du monument(al) Baltimore. Dès le début de la soirée et par une étrange alchimie, l‘eau s’est soudainement changée en whisky.
Quel bizarre hasard associe le type qui écrit au liquide ambré, à la boisson à degrés?
Bourbon, scotch et autres vins aussi, telle est la part de l’Ange. Titre d’un bouquin réjouissant paru chez Inculte, anthologie consacrée à cette relation passionnelle, biblique et sado-masochiste qu’entretient l’écrivain avec l’alcool, tour à tour muse et bourreau.
De la fiction de Kerouac à la mythologie de Barthes, en passant par Charles Baudelaire qui s’emploie à « faire passer les buveurs d’eau pour des canards sauvages », les textes sont répartis en raisonnables catégories : Au comptoir, Boire en société, Les vertues de l’alcool, Boire pour boire, Les dérapages, les lendemains difficiles.
Une chronologie cohérente dans laquelle Colette, Balzac, Chandler, Claro, Lowry, Miller, Rabelais, Benacquista, Dostoïevski, et bien sur Bukowski lèvent en cadence le coude.
Deleuze dans son abécédaire, à B comme Boisson, dit qu’il est raisonnable de boire beaucoup tant que ça aide le travail ; boire est alors un sacrifice nécessaire sur l’autel de la pensée et de l’art. Un petit tribut physique à payer.
Des martyrs de comptoirs donc ces écrivains, je me demande juste quelle est notre excuse…
L’Alcool en Littérature. La part de l’Ange,
Illustré par Yann Legendre, 13 euros,
Editions Inculte.