Exposition tordante à la Fondation Cartier
Ca se bidonne sec en ce moment à la Fondation Cartier, avec l’exposition de l’artiste chinois Yue Minjun.
Son obsession depuis les années 1990 ? Peindre des Chinois qui s’esclaffent. Enfin, des Chinois, c’est un peu vite dit, car Yue Minjun se représente en fait lui-même à chaque fois. Il multiplie dans ses tableaux son autoportrait burlesque, son moi en pleine crise d’hilarité, quelles que soient les circonstances de la scène représentée, il multiplie son autoportrait burlesque, son moi en pleine crise d’hilarité. Devant des bourreaux armés de fusils qui s’apprêtent à tirer ? ah ! ah ! Yue Minjun se marre encore et encore !
En une dizaine d’années, le peintre est devenu une méga star de l’art chinois – un de ses tableaux s’est vendu environ 7 millions de dollars en 2008.
Même s’il le récuse, il est rattaché à ce courant d’art contemporain qu l’on appelle le réalisme cynique. Un mouvement avant-gardiste né au lendemain des répressions de Tiananmen et qui s’épanouit en même temps que l’économie chinoise s’ouvre au marché mondial. Un mouvement qui rassemble des artistes hétérogènes mais chez lesquels on retrouve quelques constantes : critique de la société de consommation, désenchantement face aux mutations socio-politiques de la Chine, inspiration du vocabulaire artistique occidental.
Tout consiste cependant à savoir comment interpréter ces grands rires à la fois explosifs et glacés. S’agit-il d’autodérision, de moquerie contre le régime, d’exultation hédoniste ou de tout autre chose ? Pour se faire sa propre idée, il ne reste qu’à se rendre à la Fondation Cartier et à s’y tordre de rire un bon coup. Mais en gardant à l’esprit la fameuse phrase de Baudelaire : « Le sage ne rit qu’en tremblant… »
Yue Minjun, l’ombre du fou rire / Jusqu’au 17 mars 2013
Fondation Cartier – 261 bd Rapsail, Paris 14
9,50€ / 6,5€