Rencontre avec Déni Shain, boss du label, digger et globetrotter invétéré qui s’apprête à compiler 52 ans d’histoire de la musique caribéenne dénichée dans l’arrière-boutique de l’un des plus célèbres studios guadeloupéens.
C’est à son hôtel, autour d’un café, le lendemain de sa prestation lors d’une soirée Mawimbi à Paris, que Déni Shain nous raconte ses 20 ans de voyages et de recherches musicales autour du monde.
Après un premier voyage sur le continent africain pour se former en tant que percussionniste aux côtés de son maître Amara Kanté, le jeune marseillais va intégrer un groupe burkinabé et commencer à sillonner les scènes en Afrique de l’Ouest.
Sociable et curieux, ses rencontres vont l’amener à être initié aux musiques des années 60/70 qui ont pullulé sur tout le continent. Il va alors commencer à digger, partir à la recherche de disques rares d’afro-funk, de makossa ou de funaná.
On le retrouvera au sein du label Analog Africa derrière les séries de compilations Space Echo the Mystery Behind the Cosmic Sound of Cabo Verde 1977 – 1985 et Pop Makossa, The Invasive Dance Beat of Cameroon, 1976–1984.
Ensuite les voyages continuent pour Déni, il part diriger pendant 4 ans un centre culturel à Mexico. Dès son retour, il fonde en 2018 son propre label à Marseille, Atangana Records, spécialisé dans la réédition de disques rares afro-caribéens.
Le label continue sa prospection et commence à s’intéresser aux musique de la Guadeloupe. Après la réédition d’un titre du légendaire groupe les Maxcel’s et de Ne Dis Pas Cela d’Henry Wenceslas, Déni Shain accompagné de Thomas Vicente va passer trois mois sur l’île à défricher des trésors musicaux enregistrés par le mythique producteur antillais Henri Debs.
Au fond de sa boutique à Pointe-à-Pitre, ils vont passer plus de 1500 heures à écouter des milliers de disques représentant plus d’un demi-siècle de musique caribéenne. La première compile issue de ce travail s’intitule Mizik Soley Sa Bon et sortira le 10 juin sur son label Atangana Records.
Elle contient 4 titres témoignant de cette foisonnante période musicale qui a inondé de jazz, de soul, de kompa, de biguine ou de gwo-ka les années 70 et 80.
« Quand je suis arrivé dans le studio de Debs, je me suis retrouvé devant des milliers de disques. J’ai pris une pile de vinyles et j’ai commencé à les faire tourner sur une platine. Pour en choisir 4 pour cette première compile, j’ai du en écouter 250 pendant trois mois. »
Mizik Soley Sa Bon, compilation du label Atangana, est disponible le 1er juin sur Bandcamp et le 10 juin en version vinyle.