Dialogue et live science-fictionnels avec le compositeur du langoureux « Contre-temps », en public et en direct du Marché Dauphine de Saint-Ouen. Au pied d’une soucoupe volante !
« Je quitte le château / Dans mon automobile / Je suis en retard / Je suis en retard / Je suis en retard / Je suis en retard / Téléphone-moi, encore / Je promets que je ne répondrai pas / Tu changes et ça me dévore / Je ne veux pas voir ça / Je sens que le temps nous veut… morts / J’ai beau me dire que c’est temporaire / À chaque fois c’est l’enfer quand t’es pas là / Je fais vraiment tout à l’envers / Quand t’es pas là, je me terre / J’ai envie de sauter toutes les… heures qui nous séparent et je m’enferme / J’entends ta voix dans l’appartement / Tu sais : quand tu chantes à contre-temps. »
Flavien Berger (Deadline, Castelmaure, Contre-temps).
« En quelle année sommes-nous ? » se demande l’agent très spécial Dale Cooper à la dernière minute de la dernière saison de Twin Peaks. Comme les grains dorés du sablier renversé, l’amour se dissout-il inexorablement dans le temps ? Ou y a-t-il une possibilité d’inventer à deux ou à plusieurs et de toutes pièces une hyper horloge qui permettre de contrer les lassitudes, l’ennui, l’éloignement ? Un autre temps amoureux, de nouveaux battements ? Faut-il tout reprendre à zéro ? À minuit ? À l’instant i de la rencontre ? Si vous aviez le pouvoir de construire une machine à explorer le temps, comme La DeLorean de Retour vers le futur ou celle, primordiale, imaginée par H. G. Wells pour son célèbre premier roman publié en 1895 qu’il mit trente-six ans à achever, iriez-vous assister à toutes… vos premières fois, à toutes les rencontres importantes de votre vie ? Vous empêcheriez-vous de rencontrer telle ou telle personne, quand on connaît la suite ?
Le genre de questions métaphysiques que soulève l’écoute langoureuse et hypnotique de Contre-temps, second album de Flavien Berger, 32 ans, publié à l’automne dernier chez Pan European Recording trois ans après l’aquatique Léviathan. Une heure, trois minutes et vingt-trois secondes de nappes électroniques sensuelles, de couples en apesanteur, de pop « mutante » ou de house « vaudou », que nous allons traverser avec lui, ce soir, d’une drôle de manière.
Pour la dernière émission de cette septième saison, nous voici en public et en direct du Marché Dauphine, au cœur des puces de Saint-Ouen, 136 rue des Rosiers, sous la verrière du Marché Dauphine, ce rendez-vous des passionnés d’antiquités classiques ou modernes… au pied d’un objet tout à fait curieux, gigantesque et rarissime, qui va sert de décor de rêve à ce programme science-fictionnel. Une soucoupe volante !
Une magnifique soucoupe volante de couleur marron tirant sur le jaune, conçue en 1968 par l’architecte finlandais Matti Suuronen, à la demande d’un copain qui avait envie d’un chalet « nomade » pour ses vacances au ski. L’architecte a donc imaginé pour lui ce qu’il a nommé La Maison Futuro, trois mètres de haut, huit mètres de diamètre, transportable par hélico, pour permettre aux skieurs de se loger directement sur les montagnes enneigés. Détail fascinant, le créateur a décidé de lui donner la forme d’une soucoupe avec hublots et, à l’intérieur, un mobilier au design rétro-futuriste qui rappelle les intérieurs de 2001 l’Odyssée de l’espace, sorti au cinéma la même année. Devenue l’un des symboles des puces de Saint-Ouen, croirez-vous si je vous dis qu’elle est habitée ?
Ce soir, Flavien Berger lira des extraits de son mémoire de fin d’études à l’École nationale supérieure de création industrielle Les Ateliers, Paris, basé sur une analyse minutieuse du tableau de l’artiste américain Paul Laffoley, Le Géochronmechane (1990), qui représente un plan de machine à voyager dans le temps… prétexte pour évoquer ses lectures de Barjavel, K. Dick ou Daniel Clowes. Le musicien interprétera également de nouvelles versions de Brutalisme et Océan rouge. Nom de Zeus, Marty !
Une émission imaginée et animée par Richard Gaitet, réalisée par Sulivan Clabaut avec l’aide d’Adèle Caglar et Lucile Aussel. Vidéo : Baptiste Artru et Rémi Benchebra. Remerciements : Ruddy Aboab, Mélanie Mallet, Esteli Hernandez Ortiz, Eva Steinitz et les équipes du Marché Dauphine et de Chez Lorenzo.
Photos © Sarah Salem.