En ce mois de juillet 2019, Porto Rico s’est enflammée. Cette petite île des Caraïbes sous autorité américaine a découvert dans la presse au début du mois des messages privés envoyés par son gouverneur, Ricardo Rosello à ses conseillers, dans lesquels il se moquait dans des termes sexistes et homophobes de certaines victimes de l’ouragan Maria, qui a frappé Porto Rico en septembre 2017. Pour l’île qui ne s’est jamais remise de cette catastrophe, accablé par une crise économique qui n’en finit pas et un taux de crime qui ne cesse de grimper, c’est la goutte d’eau.
La jeunesse descend dans la rue, répondant à l’appel de deux stars de la musique portoricaine : le rappeur Residente et l’icône du reggaeton Bad Bunny. Les manifestations pacifiques ont mené à la démission de Ricardo Rosello le 27 juillet dernier. Une victoire pour la jeunesse portoricaine, qui se félicite d’un mouvement calme, empreint de désobéissance civile… et de reggaeton. Partout dans les rues de Porto Rico, la révolte a eu lieu au son de cette musique, fierté nationale du pays. Mais parce qu’elle est connue pour ses paroles sexistes, machistes, homophobes et transphobes, certains se sont demandé si le reggaeton pouvait être la musique d’une révolte aussi inclusive et progressiste.
C’est l’occasion de rappeler, dans Pionnières, que les reggaetoneras portoricaines ont porté cette musique depuis ses débuts. Et que le reggaeton est, dès son origine, une musique de révolte et d’émancipation désormais appropriée par les femmes et les communautés LGBT de Porto Rico, pour en faire le son de la révolte.
Une épisode écrit et raconté par Clémentine Spiler, réalisé par Malo Williams. Pour écouter la bande son de Pionnières, c’est par ici.
Visuel © Capture d’écran Youtube Ms Nina