Quête spirituelle au domicile du poète et réalisateur chilien de « La Montagne sacrée », de retour au cinéma avec un extraordinaire documentaire sur cet art qui guérit : la psychomagie.
« La médecine est un art. D’un certain point de vue, les maladies sont des rêves, des messages qui révèlent des problèmes non résolus », affirme le cinéaste, scénariste, poète, dramaturge « panique » et tarologue chilien Alejandro Jodorowsky, 90 ans, l’auteur de La Montagne sacrée ou de L’Incal avec Moebius, dans son livre Psychomagie, recueil d’entretiens sur cet « art qui guérit », sorti l’hiver dernier chez Albin Michel.
Dédié « aux jeunes mutants », l’ouvrage se prolonge sur grand écran via un documentaire extraordinaire, en salles le 2 octobre. Dans Psychomagie, le film, une dizaine de « consultants » anonymes – et notre cher Arthur H ! – réalisent un acte symbolique, en dialogue avec leur inconscient, imaginé gratuitement par Jodo et susceptible de dénouer des frustrations, des peurs, des deuils impossible à gérer – et ainsi « sortir de la cage psychique dans laquelle notre famille, notre société et notre culture nous ont enfermés ».
Mais quelle est l’origine de ce « théâtre de la guérison » ? Comment commencent les séances ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer pour aborder la rentrée en toute sérénité, à l’heure où « El Viejo » s’apprête à être honoré d’une rétrospective à la Cinémathèque de Paris, au 30 septembre au 9 octobre ? Tandis que celui-ci publie, avec le dessinateur italien Théo, le dernier tome de sa fresque foutrement blasphématoire, Le Pape terrible – l’amour est aveugle (éditions Delcourt) ? Pendant que son adaptation du Gorille de Kafka reprend jusqu’au 3 novembre au Lucernaire, Paris ? Alors qu’il nous incite, le jour de l’indépendance du Brésil, à planter un arbre, une graine, pour contrecarrer les incendies et la déforestation criminelle de l’Amazonie ?
Pour le savoir, le Maître nous a reçus à domicile, en pantoufles de velours noir ornées de couronnes dorées, pour une conversation très spirituelle en deux épisodes d’une heure. « Ces artistes qui clament que ce monde est foutu, écrit Jodorowsky, que nous n’arrivons à rien, c’est ça la mauvaise littérature. Montrer son nombril, raconter qu’on a bu son café au lait le matin, au milieu du malaise général, alors que tout est pourri autour de soi. Pendant que tout le monde agonise, moi je bois mon café au lait ! Ou j’effectue mon petit acte sexuel. C’est dépassé. Il faut traverser le rideau névrotique ! »
La suite de l’entretien sera diffusé dimanche 15 septembre à 12h.
Une émission imaginée et animée par Richard Gaitet, réalisée par Sulivan Clabaut. Programmation musicale : Michael Liot. Photos et vidéo : Morane Aubert.
Image © Psychomagie, un art qui guérit, réalisé par Alejandro Jodorowsky.