« La Ritournelle » : quand Tellier est touché par la grâce.
Radio Nova revisite ses propres classiques : les raretés de tout bord qui rythment notre antenne, de la soul-funk au hip-hop en passant par les musiques afro-latines et la pop. Aujourd’hui : « La Ritournelle » de Sébastien Tellier.
Ce matin, difficile de faire plus classique que notre Nova Classic. On se penche sur l’histoire d’un beau, long et inusable morceau, un de ceux qui restent dans la tête pour toujours. Et en musique ça a un nom, c’est une ritournelle. Aujourd’hui, on va écouter celle de Sébastien Tellier.
Nous sommes en 2004. Dans un studio, le poète du beau bizarre Sebastien Tellier est entouré de deux légendes. Alors qu’il peaufine son nouvel album Politics, Sébastien tellier a choisi un casting de rêve pour un morceau dont il ne connait pas encore la portée. L’objectif est clair : il faut terminer une chanson qui est un véritable petit morceau de bravoure pop, une montée d’accords de piano lancinante, qui revient en boucle. Un vrai petit voyage qui s’étend sur plus de 7 minutes.
À ses côtés, il y a le regretté Philippe Zdar, producteur de génie, membre de Cassius, qui a aussi apporté sa vision a des très grands disques, de MC Solaar jusqu’à Phoenix, Cat Power, Les Beasties Boys ou encore Hot Chip.
Et ce jour-là, derrière la batterie, il y a une plus grande légende encore, un homme qui a inventé le rythme de toute une musique : l’Afrobeat. C’est monsieur Tony Allen qui fait l’honneur à Sébastien Tellier d’enregistrer les batteries de ce morceau. Tony Allen, le batteur de Fela Kuti, l’homme qui a inventé ce rythme si particulier de ce genre musical nigérian, à la fois politique et irrésistiblement dansant. Celui dont le talent est reconnu dans le monde entier, au point que Brian Eno affirme qu’il est sans doute le meilleur batteur ayant jamais vécu. Le grand roi Fela Kuti a lui déclaré un jour que sans Tony Allen, il n’y a pas d’Afrobeat.
Imaginez donc la timidité potentielle de Sébastien Tellier quand il tente d’expliquer à Tony Allen comment jouer les batteries de « La Ritournelle ». Il trouvera alors une expression typiquement Tellienne : « Tony, s’il te plaît, est-ce que tu peux jouer soyeux ? »
Et « soyeux », c’est le terme le plus approprié pour parler de la beauté de « La Ritournelle », ce morceau dont vous connaissez maintenant tous les secrets, mais que vous connaissez surtout par cœur. C’est le Nova Classic du jour, et c’est un bonheur de l’entendre à nouveau.
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