La légende derrière le morceau « Smoke on the water » de Deep Purple
Claude Nobs le fondateur du festival de jazz de Montreux, vient de nous quitter. RKK vous raconte le bonhomme par ici. Mais Funky Claude était aussi l’un des protagonistes d’un des plus grand tube du XXème siècle : Smoke on the Water.
Smoke on The Water du groupe Deep Purple est l’une des chansons les plus connues de l’histoire du rock. Il n’y a qu’à entendre le riff de guitare, dans les Top 10 de tous les magazines de puristes, pour que tout le monde soit d’accord. C’est pourtant davantage aux paroles qu’il faut prêter attention pour comprendre pourquoi ce titre est entré dans la légende.
1971. « Pères fondateurs » du hard rock – ils partagent le trône avec Led Zeppelin et Black Sabbath -, les membres de Deep Purple sont installés au bord du lac Léman pour enregistrer leur sixième album à Montreux (We all came out to Montreux), célèbre pour son Festival de Jazz. Ils séjournent au Casino de la commune suisse et ont avec eux le studio mobile des Rolling Stones (To make records with a mobile), dont se servira aussi Bob Marley. Tout est prêt.
Nous sommes le 4 décembre, la veille de l’enregistrement. Le groupe assiste à une représentation de Frank Zappa & The Mothers dans ce même casino quand une fusée éclairante tirée par un fan (Some stupid with a flare gun) met le feu au bâtiment. L’incendie ravage le Casino en bois et le matériel de Deep Purple. Les membres du groupe aident Claude Nobs à sortir quelques spectateurs des flammes (Funky Claude was running in and out / Pulling kids out the ground).
Ci-dessous l’édition du Journal de Montreux du lendemain
Ritchie Blackmore le guitariste, Ian Gillian le chanteur, Roger Glover le bassiste, Jon Lord le claviériste et Ian Paice le batteur échouent au Grand Hotel (We ended up at the Grand Hotel). Eux qui tenaient à enregistrer leurs titres en live dans le mythique Casino ; ce sera dans les couloirs de cet hôtel, calfeutrés à coups de matelas et de couvertures.
À la fin de l’enregistrement, pour combler quelques minutes d’enregistrement manquantes dans l’urgence, Roger Glover propose de relater les récents événements. Le cauchemar de cette fumée se dispersant sur le lac et de ces flammes montant dans le ciel (Smoke on the water / a fire in the sky) hante encore aujourd’hui le groupe. L’album s’appelle Machine Head et sort en 1972. Le titre phare est censé être Highway Star mais c’est sur la face B qu’il faudra chercher le n° 1 des charts, et le plus gros succès du groupe, Smoke on The Water.
Ici le titre dans un des premiers live après la sortie de l’album.
Interrogé en 2006 par Swiss Info, à l’occasion du grand retour du groupe pour la 40ème édition du Montreux Jazz Festival, Ian Gillian se rappelle : « En fait, avec le temps qui passe, les éléments visuels – la fumée, le feu, la peur – restent présents, mais ce qui est le plus fort, c’est le souvenir du dernier jour d’enregistrement, au Grand Hotel. Martin Birch, notre manager, nous a dit: « J’ai une mauvaise nouvelle: il nous manque sept minutes de musique. Et il ne nous reste que 24 heures » Alors il a proposé qu’on écoute les prises qu’on avait faites le premier jour, pour le soundcheck. Et là-dedans, il y avait les bases de ce qui allait devenir Smoke on the Water. Roger Glover, le bassiste, a proposé qu’on écrive des paroles sur ce qu’on venait de vivre… Ce moment-là a été la conclusion de l’enregistrement le plus dramatique qui ait jamais eu lieu ! »
La mort de Frank Zappa 22 ans jour pour jour après l’incendie a récemment fini de panthéoniser Smoke on The Water.
Bisou, Funky Claude.