Où quand Nova – David Blot pour être précis – te parle de bande dessinée
Jeudi dernier, le Grand Mix Matin se muait en Grand Comix à l’occasion de l’ouverture du Festival d’Angoulême (31 janvier – 3 février). Notre docteur ès BD David Blot en a profité pour piquer le micro à Mathilde et vous distiller toute la matinée ses conseils et autres considérations bande-dessinesques.
Vous avez raté ça ? Petite séance rattrapage.
Comics Mainstream
Combinaisons moulantes, couleurs criardes et superpouvoirs : le Grand Comix débutait à 10h avec les comics grand public et jouissifs made in USA. Et notamment avec la série Marvel NOW!, dernière née de l’une des deux majors de l’industrie de la BD.
Et lorsqu’on parle de majors, on ne croit pas si bien dire : à elles seules, les grandes maisons Marvel et DC occupent 85% du marché américain des comics, ne laissant que des miettes aux quelques 200 éditeurs indépendants. Derrière la guéguerre qu’elles se livrent depuis des décennies se cache une autre rivalité : celle de leurs maisons mères, Warner Bros pour DC et Disney pour Marvel, qui non contentes de s’affronter sur le terrain cinématographique ont décidé d’investir le papier en rachetant les deux éditeurs.
Petit rappel pour les non-initiés : DC, l’ancêtre, existe depuis les années 30 – c’est la maisons des super héros institutionnels, de Superman à Batman en passant par Wonder Woman. Trente ans plus tard, Marvel arrive dans le tableau : la nouvelle garde des Spider Man, X-Men et autres 4 Fantastiques débarque dans les sixties. Forcément, l’élève finit par dépasser le maître.
Il y a de cela un an et demi, DC décide de réagir : l’éditeur historique annonce la relance de ses 52 séries cultes au numéro 1. Ce relaunch, intitulé The New 52, permet à DC de reprendre sa place de leader sur le marché, perdue depuis une trentaine d’années déjà.
Bien entendu, Marvel n’a pas dit son dernier mot. Et décide de faire pareil : leur relaunch à eux s’appellera Marvel NOW! et s’étalera entre octobre 2012 et avril 2013.
Mais qu’en est-il donc de Spider Man, qui est tout de même mort il y a à peine un mois ? Eh bien… on s’en fiche un peu, puisqu’on recommence au début. Et ce n’est pas la première fois que les scénaristes de comics utilisent ce genre de ressorts marketing pour relancer l’intérêt des lecteurs : Superman, déclaré mort en 1992, ressuscite six mois plus tard. Idem pour Captain America, mort il y a 5 ans, de retour depuis 4 ans et demi. De vrais petits Jésus de papier. Et comme le dit si bien David Blot : « Dans le monde des comics, personne ne meurt jamais – à part l’Oncle Ben de Spiderman ou sa petite copine Gwen Stacy. Ceux dont on se fout un peu, quoi. Mais le héros, non, ce serait tuer la poule aux œufs d’or ! ».
Et sinon, ça vaut le coup, ces Marvel NOW! ? Réponse de David Blot : oui ! « Si la série 52 de DC n’était pas terrible, les Marvel NOW! sont plus rigolos, plus pop, mieux dessinés ».
Et le plus intéressant dans tout ça, c’est probablement le retour à l’affiche des X-Men, mis de côté pendant des années au profit des Avengers. Les voici de nouveau au premier plan avec la relance de 3 séries phares les concernant : All New X-Men, Uncanny X-Men et X-Men. La première, écrite par Brian Michael Bendis et dessinée par Stuart Immonen est déjà sortie ; la deuxième arrive cette semaine et s’annonce intéressante.
Enfin, le X-Men tout court ne comptera cette fois-ci que des femmes ! Pas de X-Women pour autant, mais une série qui s’annonce à la fois drôle, féministe et irrévérencieuse. Cerise sur le gâteau, les dessins sont signés Olivier Coipel, un petit français dans le monde des comics, fait assez rare pour être signalé. Prochainement dans toutes les bonnes librairies.
Marvel NOW!, c’est donc la bonne occasion pour les nostalgiques, les jeunes lecteurs et les novices de se (re)plonger dans l’univers des comics. VLAM !
Comics Indés
Bon, y’a pas que les majors dans la vie. Et à 11h, David Blot n’a pas résisté au plaisir de laisser son côté indé-underground s’exprimer. Ca tombe bien : il a adoré deux des BD sélectionnées dans la catégorie polar au festival d’Angoulême (aucune lauréate, mais tout de même signe de qualité). Deux bédés « exceptionnelles » que l’on doit à IDW et Image, deux des éditeurs indépendants américains les plus reconnus.
On commence donc avec Parker (rien à voir avec Peter, on est dans le chapitre indé là). Parker est un personnage créé dans les sixties par l’auteur de polar Donald Westlake sous le pseudonyme de Richard Starke. Un personnage qui a souvent été porté à l’écran sans vraiment dire son nom, notamment dans Point Blank de John Boorman en 1967, avec Lee Marvin dans le rôle titre. Sauf que Donald Westlake n’ayant de son vivant donné aucun accord pour une adaptation cinématographique, le héros devient Walker. Ou parfois Robert.
Le seul que Donald Westlake ait autorisé à toucher à son Parker, c’est Darwyn Cooke, un dessinateur venu à la BD sur le tard. Et le résultat, c’est une série « incroyablement bien dessinée », un polar à l’atmosphère très fifties dont le dernier tome est sorti l’année dernière chez IDW. La version française est parue chez Dargaut, qui pour l’occasion a fait de gros efforts de traduction en engageant des auteurs comme Tonino Benacquista ou Doug Headline… Une réussite, mais David Blot vous conseille tout de même la version anglaise car « la maquette est plus réussie » (c’est pas du snobisme, c’est de l’exigence).
On finit avec un autre polar, sorti chez Image aux Etats-Unis et Delcourt en France : il s’agit de Fatale d’Ed Brubacker et Sean Philips, des spécialistes du polar qui ont déjà collaboré pour plusieurs séries, dont l’excellente Criminal.
Fatale, c’est bien entendu la femme fatale, l’ultime, la vénéneuse, la superbe, celle dont tout le monde est in love. Mais celle-ci a un truc en plus : elle ne meurt jamais et traverse les époque dans prendre une ride, « un peu à la Cthulhu de Lovecraft ».
Le second volume vient de sortir Outre-Atlantique et met en scène notre héroïne évoluant au sein d’une sorte de secte à la Charles Manson. La traduction française arrive vite, on l’espère.
Des super héros féministes overground, « deux bijoux de polar noir » underground : les bédévores sont parés pour le mois de février. Merci qui ?