Contre les inégalités financières qui ne cessent de s’aggraver, cet écrivain et vidéaste parisien mise sur deux méthodes – l’une, douce ; l’autre, dure – afin d’inciter les super-riches à redistribuer leurs ressources.
« Le boycott : voilà notre arme pour lutter contre notre monde de mort. C’est notre toute petite arme. Elle ne prend pas de place dans notre poche. (…) Nous devons boycotter impérativement tout ce qui nuit à la planète comme à notre moral, la nourriture empoisonnée et les empoisonneurs de l’esprit. » Dans son dernier livre, examen de ses plus grandes douleurs publié en janvier sous le beau titre Tu m’as donné de la crasse et j’en ai fait de l’or (éditions Florent Massot), l’écrivain et vidéaste parisien Pacôme Thiellement conseille de manifester notre indifférence à tout ce qui nous nuit, à tout ce qui nous rend malades : les excès du capitalisme carnassier, la politique-spectacle, la télé-poubelle ou les « intellectuels merdiques » affamés de misérables « buzz ». Il faut, dit-il, réussir à « trouver en soi la puissance du refus initial ». « L’homme riche est le dernier des péquenauds de son temps. Il n’a rien vécu, ne vit rien, ne vivra rien. Il capitalise, il accumule. Il mange tout ce qu’il peut, il vomit, et ce qu’il a vomi, il voudrait le donner à manger au reste du monde. Mais il n’a aucune importance. C’est un pauvre type et sa vie n’a aucun intérêt. (…) Si nous cessons de l’envier ou de le détester pour ce qu’il nous prend, si nous l’ignorons et vivons notre vie tranquillement sans lui, il viendra quémander notre amour et nous proposera toutes ses fortunes en échange d’un petit sourire ou d’un rendez-vous. »
Une riche idée, que l’auteur de Tous les chevaliers sauvages – tombeau de l’humour et de la guerre (2012) fait ici fructifier afin d’inciter nos millionnaires à redistribuer leurs ressources, en misant sur deux méthodes : l’une, « douce », en leur parlant « comme à des enfants », pour leur ré-enseigner les vertus du partage issues des contes immémoriaux où les rois ne sont pas toujours cupides ; l’autre, « dure », en cessant instantanément de leur adresser la parole « au-delà d’une certaine somme » gagnée sans jamais aider les plus démunis, en les punissant ainsi par exclusion de la communauté humaine, en leur faisant « honte » de ces magots exclusifs, comme à « tous les artistes qui s’assoient à leur table ».
Pour écouter Pacôme Thiellement, invité de la Nova Book Box, évoquer « l’anarchie douce » en action dans les bandes dessinées de Gébé, c’est ici.
Visuel © La Bande à Picsou, d’après Carl Barks.