Les arbres ont la parole : podcast de la toute première émission inter-espèces de l’Histoire, avec Laetitia Dosch et la compagnie AlterMachine, en public, depuis la cour du lycée Jacques-Decour à Paris.
Il faut que je vous explique. Il y a une dizaine de jours, c’était la nuit, je marchais sous les platanes de la rue de Crimée, quand soudain l’un de ses arbres vénérables s’est mis à me parler. J’ai cru que je devenais dingue, mais les idées avancées par ce platane étaient parfaitement organisées, il s’agissait d’une idée à laquelle je n’avais jamais vraiment réfléchi jusqu’à présent. Cet arbre m’invitait à pour ne plus voir le règne végétal comme un décor, mais comme une équipe de cohabitants de la ville, de la planète, à réfléchir aux conditions de vie des sapins, des tilleuls, des aloe veras ou des palétuviers, il m’invitait à « prendre leur parti », en tirant des leçons de leur exemplaire interdépendance « liés par le sous-sol, tous ensemble, forever ».
Puis cet arbre s’est mis à me faire des… des propositions, qui ressemblaient beaucoup à une interview récemment donnée par la comédienne et autrice Laetitia Dosch, à propos de son nouveau spectacle en préparation, Les Arbres vous parlent, né pendant le confinement : « Les arbres pourraient vous écrire, à vous les humains, des contes, des poèmes, les arbres pourraient donner des conférences, pour vous faire prendre conscience du péril écologique et de votre rôle à jouer dans tout ça. Ils vous transmettraient ce qu’ils savent depuis des millénaires et que vous n’arrivez pas bien pas à ressentir. Ils vous parleraient de leur façon de se mettre en réseau, de leur solidarité, qui permet l’équilibre, la survie, l‘épanouissement de l‘individu, sa beauté, ses feuilles… mais sans altérer l’épanouissement de l’ensemble de la forêt. Les arbres vous ouvriraient les yeux, à vous humains, dans votre monde où la concurrence fait loi. »
J’étais très intéressé par les convictions de ce platane. J’allais lui parler de mon métier, de Radio Nova, puis il m’a dit qu’il était déjà au courant, que c’était pour ça qu’il m’abordait dans la rue, la nuit : pour imaginer, ensemble, une « Radio Arbres ». Une radio éphémère, qui offrirait la parole aux arbres, mais qui permettrait aussi aux humains de dialoguer avec eux, avec patience, affection et curiosité réciproque. Pour peut-être, changer le cours de la relation entre nos espèces. Et… c’est pour cette raison que nous sommes aujourd’hui en public et en direct de la cour du lycée Jacques-Decour, 12 avenue Trudaine Paris 9e, dans le cadre du festival Paris l’été. En compagnie de trois arbres, un figuier, un prunus et un cyprès, plantés ici depuis de longues années. Est-ce un grand pas pour l’humanité, paradoxalement immobile ? « Quand on sait qu’un arbre est sensible à la douleur et a une mémoire, que des parents-arbres vivent avec leurs enfants, on ne peut plus les abattre sans réfléchir ni ravager leur environnement en lançant des bulldozers à l’assaut des sous-bois. » écrit Peter Wohlleben, ingénieur forestier et écrivain allemand, auteur en 2015 du best-seller La Vie secrète des arbres. C’est ce secret que nous essayerons de percer, modestement, avec eux.
Une émission imaginée et animée par Richard Gaitet, Laetitia Dosch, Léa Machado et Yuval Rozman, avec le soutien de la compagnie AlterMachine. Réalisation : Lucile Aussel, avec l’aide de Nabil Chafa. Programmation musicale : Max Guiguet & Richard Gaitet. Coordination : Esteli Hernandez Ortiz. Merci à Matthieu Fontaine, Laura Marie et toute l’équipe du festival Paris l’été.
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